Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/317

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d’arbres entaillés de marches assez élevées. L’art de l’architecte ne se donne guère carrière que dans la disposition et la décoration des poutres du toit et des colonnes des temples quelquefois artistement sculptées et toujours peintes de couleurs vives.

Mais c’est surtout dans la peinture et la sculpture qu’excellent les Tibétains, dont l’art s’est inspiré des deux écoles indienne et chinoise, avec une préférence marquée pour l’école indienne, tout en conservant un caractère qui leur est propre.

On peint à l’aquarelle sur soie, sur toile et sur papier, à fresque sur les murs des temples. Les belles peintures se font sur soie ou sur une toile enduite d’une pâte composée de farine de riz et de plâtre. Les dessins, de types et de proportions rigoureusement hiératiques, s’exécutent quelquefois directement sur le fond, au moyen d’un carreautage, et le plus souvent au moyen d’un poncif dont on repasse ensuite les traits à l’encre de Chine. Il est de règle, quand il s’agit de personnages, qu’on commence toujours par les yeux qui, aussitôt terminés, doivent être purifiés au moyen de prières et de formules d’exorcisme de peur que quelque démon ne vienne à en prendre possession ; c’est ce qui explique que tous les peintres sont des Lamas. Une fois le tableau terminé, on l’encadre de bandes de soie multicolores et on le fixe sur deux bâtons, ainsi que cela se fait chez nous pour les cartes, et afin de préserver les couleurs de l’altération que produiraient le jour ou la fumée, on le recouvre d’un voile de soie qui ne se relève que dans les circonstances solennelles.

La sculpture sur pierre ou sur bois n’existe pour ainsi dire pas au Tibet, probablement par pénurie de matériaux convenables ; par contre les statues et statuettes de bronze et de cuivre, voire même d’argent ou d’or, se rencontrent partout à profusion , de taille colossale ou hautes de quelques centimètres, et ici encore l’art tibétain a su se