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Par-ci, par-là, autour des villages, se voient quelques vergers où poussent, objets de soins assidus, le poirier, le prunier et, dans les coins bien exposés, le pêcher et l’abricotier.

Les autres provinces sont mieux partagées. Ngary-khorsoum et le Ladak possèdent de magnifiques vergers, admirablement soignés, où, jusqu’à l’altitude de 3,000 mètres, vivent et prospèrent des essences réputées délicates dans nos contrées, l’amandier et l’abricotier, par exemple, ce dernier arbre surtout dont les fruits jouissent dans tout le Tibet d’une grande et, paraît-il, légitime réputation. Les montagnes du Boutan sont couvertes, presque jusqu’à leur sommet, de belles forêts, principalement de sapins, tandis que, dans les jardins de ses couvents et palais royaux, poussent et mûrissent l’orange, le cédrat, le citron, la grenade[1]. Enfin, dans le sud du Tibet oriental, près de la frontière du Sse-tchuen, on trouve le grenadier, la vigne cultivée en treilles soutenues par de longues perches, le mûrier sauvage et le bananier[2].

Les végétaux comestibles, céréales et plantes légumineuses, sont en petit nombre. Parmi les céréales, on cultive avant tout trois espèces d’orge, surtout l’orge grise, dont la farine grillée, appelée tsampa, fait le fond de la nourriture de toute la population ; puis quatre espèces de froment, aliment de luxe d’un usage beaucoup plus restreint, et qui n’arrive pas partout à maturité ; dans les hautes vallées on le récolte en herbe pour servir de fourrage aux bestiaux pendant la saison d’hiver. Le maïs, le millet et le sarrazin viennent bien dans les vallées chaudes, mais sont peu estimés, tandis qu’on recherche beaucoup le pois, d’autant plus apprécié qu’il est plus gros et plus dur ; concassé il sert pendant l’hiver à la nourriture des bestiaux. Le riz n’est

  1. S. Turner, Ambassade du Tibet, t. I, p. 214.
  2. G.-H. Desgodins, Mission du Thibet, p. 291.