Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus belle partie de sa province orientale, annexée, sous le règne de l’empereur Kien-long, aux provinces chinoises de Kan-sou et de Sse-tchuen. Cinquante ans plus tard, le roi de Cachemir lui enlevait, à l’ouest, la province de Ladak, et, depuis une trentaine d’années, la politique anglaise lui faisait perdre toute influence sur la principauté de Sikkim, aujourd’hui tombée entièrement sous la domination britannique. Des huit royaumes qu’il possédait au temps de Marco Polo, il ne lui reste plus que les quatre provinces d’Ou, de Tsang, de Ngari et de Khams. À ces provinces, nous ajouterons le district d’Amdo, au nord-est, resté absolument tibétain bien qu’il fasse maintenant partie du Kan-sou, et l’état de Boutan, au sud, qui, s’il est politiquement indépendant, dépend de fait du Tibet par les mœurs, la religion et l’organisation sociale.

La province d’Ou (dBous), — désignée quelquefois sous les noms de Vou et Oui, — est située à peu près exactement au centre du Tibet, ainsi, du reste, que l’indique son nom dbous « centre ». Elle a pour limite à l’est, le cours du Gakpo Tsang-po ou Kenpou, et à l’ouest un tracé arbitraire passant à peu de distance à l’occident des lacs Tengrinour et Palti[1]. Sa principale ville est Lhasa, la « Rome bouddhique », résidence du Dalai-Lama et capitale du Tibet.

Lhasa « terre des dieux » (Lha « esprit, dieu » et Sa « terre ») — qu’on orthographie souvent, mais à tort, Lhassa et Hlassa — est située dans une grande plaine orientée de l’ouest à l’est, d’environ 100 kilomètres de longueur sur 10 ou 12 de largeur[2], sur le bord d’une rivière impétueuse, appelée Ki, affluent de gauche du Tsang-po. Elle fut fondée en 758 (ère vulgaire) par le roi Thi-srong dé Tsan (Khri-srong-ldé-bstan) qui l’entoura de murs, comme il était d’usage en ces temps pour toutes les cités de quelque importance. En

  1. Dutreuil de Rhins, Asie Centrale, p. 6.
  2. Klaproth, Description du Tubet, Nouveau Journal Asiatique, VI, p. 238.