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migré parmi les dieux et dans la sainte classe des Lamas. Nous n’avons pu savoir si, comme dans la Chine et le Japon, ils rendent aux morts un culte journalier ou seulement anniversaire, mais ils ont une fête annuelle en l’honneur des trépassés. Cette fête se célèbre le jour anniversaire de la mort du saint Tsong-Khapa, le 25 octobre[1], ou le 29[2], c’est-à-dire presque à la même date que nos fêtes de la Toussaint et de la Commémoration des morts, au début de l’hiver, cette mort de la nature. Elle consiste en l’illumination générale de tous les temples, les monastères, les palais et les maisons d’un bout à l’autre du territoire. Très superstitieux, les Tibétains observent, avec une attention anxieuse, les phases de cette illumination ; si les lampions brûlent avec une flamme calme et un brillant éclat, c’est un présage des plus favorables ; le vent et la pluie viennent-ils à les éteindre, c’est pour eux l’augure des plus funestes calamités pendant le cours de l’année suivante. Indépendamment de ces marques solennelles de souvenir données aux morts, ils sanctifient cette fête par divers actes de bienfaisance dont ils croient que la circonstance augmente beaucoup le mérite : repas donnés aux pauvres, aumônes distribuées généreusement suivant l’état de fortune de chacun. Il est probable — bien que nous n’en ayons trouvé aucun indice certain dans les récits des voyageurs — que cette fête comporte également des offrandes de différentes sortes aux morts, ainsi que cela se pratique en Chine et, en général, dans tous les pays bouddhiques[3].

5. Habitations. — Alimentation. — Costume. — Les

  1. Selon Klaproth, Description du Tubet ; Nouveau Journal Asiatique, t. IV, p. 148.
  2. Suivant Turner, Ambassade au Thibet, t. Il, p. 98.
  3. Voir de Groot, Les fêtes annuelles des Chinois, Annales du musée Guimet, t. XI, p. 16, 405, 413 ; t. XII, p. 563, et Paulus et Bouinais : Le culte des morts dans le Céleste Empire et l’Annam, p. 101, In-18, Paris, 1893.