Alors se produisent ces phénomènes de catalepsie dont on a tant parlé à propos des yogins et des faquirs. Les descriptions que les textes nous donnent de ce « sommeil du yoga » ou sommeil mystique[1], montrent assez qu’il s’agit d’états hypnotiques. La Kārikā de la Māṇḍūkya-upaniṣad en parle sous le nom significatif de « yoga sans toucher », asparśa-yoga. Alors, « il n’y a plus ni plainte, ni tourment, ni peur, mais seulement éternel savoir, reposant en lui-même, semblable à lui-même ; l’accès en est ardu, même pour le yogin, et le yogin en a peur, ayant peur de ce qui est sans peur » (3, 39). — « Les beaux jours viendront-ils pour moi, où, assis les jambes croisées sur un roc de l’Himalaya, au bord du Gange, je me trouverai, à la suite de méditations prolongées sur le brahman, en un état de sommeil mystique, — ces jours où de vieilles gazelles viendront sans crainte frotter leurs cornes contre mon corps ? » (Bhartṛhari)[2].
Qu’à la suite d’un long entraînement, quelques yogins aient réussi à faire durer l’état de catalepsie, il n’y a rien là d’impossible. La Haṭhayoga-pradīpikā a plus d’une recette pour amener à volonté les phénomènes de mort apparente. Nous devons cependant constater que, soit dans l’Inde, soit en Europe, les auteurs ne font jamais allusion qu’à un seul et même cas donné pour certain, celui d’un personnage qui sans doute présentait à cet égard des aptitudes exceptionnelles[3]. Probablement plus authentiques que ces phénomènes miraculeux de morts et de retours à la vie sont les cas d’aliénation mentale que mentionnent quelques textes. Ces exercices de fixation de la pensée, surtout quand il s’agit de méditer sur des abstractions vides ou des objets sans importance, aboutissent tout naturellement à la dé-