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Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 22-23.djvu/988

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HISTOIRE DES IDÉES THÉOSOPHIQUES DANS L’INDE

part, l’idée fixe, surtout quand elle s’applique à des concepts de peu de richesse, provoque aussi des troubles moraux ou intellectuels, comme ceux que le Yoga a vite recherchés.

Et non seulement les deux notions ont sans doute coexisté de tout temps, mais encore les philosophes des écoles Sānkhya et Yoga les ont jugées exactement équivalentes. Puisque l’organe pensant est quelque chose de substantiel, cela ne fait pas de différence pour la pensée que son point d’attache soit un objet à connaître, ou un lieu dans lequel elle reste repliée sur elle-même ; dans les deux cas, il y a un déplacement matériel du citta. Aussi les sources les plus autorisées admettent-elles indifféremment les deux interprétations. Les Yoga-sūtra, après avoir posé en principe que « la dhāraṇā est la fixation de la pensée sur un point » (III, 1), mettent au nombre des objets sur lesquels le citta s’arrête dans le saṁyama, le soleil, la lune et l’étoile polaire, aussi bien que le nombril, le haut de la gorge, ou le cœur. Le Sarvadarśanasangraha n’est pas moins éclectique : « La dhāraṇā fixe l’esprit, en l’écartant de tout autre objet, sur quelque place qui soit en relation avec le moi intérieur, comme le cercle du nombril, le lotus du cœur, l’extrémité de l’artère suṣuṁnā, etc., — ou un être du dehors, comme Prajāpati, Indra, Hiraṇyagarbha » (p. 177).

G. Septième anga : la méditation (dhyāna).

« Quand à la place où l’esprit s’est fixé, la pensée, modifiée en la forme de l’objet contemplé, coule continûment sans qu’aucune autre fonction vienne la troubler, il y a méditation » (Y. S. S., p. 44). Comme dit plus simplement Patañjali, le dhyāna est « un courant de pensée unifiée » (III, 2).

H. Huitième anga : la concentration (samādhi).

Dans la « méditation », il y a lieu de distinguer encore entre la pensée, l’objet qu’elle contemple, et l’acte de la méditation.