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Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 6-7.djvu/437

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Un grand changement s’est opéré. On compte actuellement parmi les prêtres des savants distingués auxquels les érudits d’Occident sont redevables de précieux renseignements ; ils produisent des travaux remarquables, commentaires ou traductions, et ont adopté la méthode scientifique européenne depuis la collaboration de Haug avec le Dastour Hoshanji Jamaspji et l’enseignement de M. K. R. Kama.

Nous avons été à même de donner un aperçu du mouvement intellectuel qui s’affirme dans la classe sacerdotale. Cet aperçu est moins complet que nous ne l’aurions souhaité, mais il suffira pour nous initier aux préoccupations du clergé. D’un autre côté, les fils de prêtres délaissent volontiers les fonctions héréditaires du sacerdoce et se mêlent à la vie civile. Ils sont généralement intelligents et réussissent dans les carrières qu’ils embrassent. On a remarqué qu’ils sont doués d’une mémoire surprenante, ce qui vient sans doute de ce que cette faculté a été cultivée chez eux depuis des siècles par la récitation machinale des prières et des offices, accompagnée des minuties traditionnelles du rituel. Il est certain que nos réfugiés avaient désappris la langue dans laquelle étaient rédigés leurs textes sacrés et que, sauf de rares exceptions, ils en avaient perdu le sens ; mais, à notre avis, cette ignorance a été précieuse et a beaucoup contribué à conserver pur de tout mélange le dépôt qu’ils avaient entre leurs mains ; c’est elle qui a permis aux débris de l’Avesta de traverser victorieusement les siècles. Telle n’est plus la situation. Rapportés par Anquetil Duperron, livrés aux recherches des savants, les textes de l’Avesta ont d’abord subi le sort de documents scientifiques longtemps désirés et accueillis avec une haute curiosité, puis celui des autres livres religieux soumis à l’action de la critique rationaliste. Dans ces dernières conditions, peut-on espérer que, pendant un nouveau millénaire, ils conservent la même intégrité ; d’autant que l’Avesta reste isolé ! Aucune religion, sauf le Mazdéisme, ne se réclame de ses doctrines ; inférieur sous ce rapport au judaïsme et au christianisme, il n’a pas jeté de racines dans le monde occidental. C’est en vain que le culte de Mithra