Page:Annales du Musée Guimet, tome 1.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
151
ET OUVERTURE DU FLEUVE ROUGE AU COMMERCE

de trouver un moyen de me faire disparaître. Mais la cour de Hué ne prendra pour le moment aucune initiative en apparence, j’en suis bien persuadé. Le pauvre Ly se prend tout à coup d’un vif intérêt pour notre santé. Ici l’eau est mauvaise, nous serons très mal à Haï-phong, il serait bien préférable d’aller attendre à Hong-kong ou à Saïgon.

Toujours la même plaisanterie.

Il nous retient le soir pour nous donner un dîner avec des chanteuses au dessert, comme cela se pratique en Chine. Ce dîner, comme tous les dîners annamites, qui ne diffèrent pas sensiblement des dîners chinois, n’a rien d’extraordinaire. Je rentre à bord du Son-tau 1^ soir à onze heures. La ville de Quang-yen a peu d’importance ; les faubourgs où grouillent quelques familles de pêcheurs sont des plus misérables. Le palais de Ly n’est pas dans la citadelle, comme dans les autres villes, il est en dehors des murs, comme pour surveiller tout le pays. La citadelle, qui se trouve sur une petite élévation a des proportions très restreintes, elle a la forme d’un carré comme dans toutes les villes de l’Annam. Bien entendu, on ne nous a pas permis de la visiter.

24 novembre. — Nous quittons Quang-yen à huit heures du matin, sur le Son-tay pour rentrer à Haï-phong. Jefais écrire une très longue lettre au général Fang par Ly-Ta Lâo -Yé au sujet des rebelles de Lâokai, qui gênent la navigation du Heuve et que je lui propose de chasser, de concert avec lui.

Dans l’après-midi arrive le petit mandarin Huên, porteur de la lettre du commissaire Ly et qui vient prendre la mienne. Il couche à bord de la jonque chez Ly-Ta-Lâo-Yé et ne partira que demain matin. Je me plains à Huên, du mandarin du Haï-phong, qui, malgré sa promesse d’hier, ne m’a pas encore envoyé de provisions. Cependant c’est une chose convenue avec le commissaire Ly. Je l’envoie au commandant du fort pour lui rafraîchir sa mémoire.

29 novembre. — Je pars pour Haï-dzuong à bord de la chaloupe, dans le but de rechercher le passage qui doit me conduire au fleuve Rouge et en même temps pour rendre visite au vice-roi de cette province. Nous remontons le Cam qui forme des méandres incroyables jusqu’au Lou-to-kiang (les six bras ou les six rivières), où nous entrons dans les eaux du Thaï-binh. 30 novembre. — Nous descendons le Thaïbinh jusqu’à Haï-dzuong après nous être arrêtés un instant à la mission espagnole qui se trouve à mi-chemin.