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VOYAGE AU YÛN-NÂN

et bateliers très facilement, les Chinois promettent de me fournir tout ce dont j’aurai besoin.

À 8 heures du matin, nous sommes obligés de mouiller à un mille et demi, au-dessus d’Hâ-noï. Le passage de la première île, sur la rive droite, n’a que 8 pieds d’eau ; le fleuve a beaucoup baissé la nuit dernière. Il est inutile d’aller plus loin avant de savoir si nous pourrons passer aux bancs de sable en aval de Son-tay. Je pars avec ma chaloupe pour m’assurer du fait. Impossible de passer, il n’y a que 2 mètres d’eau, il nous manque 0"b.

15 janvier. — Au point du jour, je pars de nouveau avec ma chaloupe et quelques matelots pour aller chercher des jonques cachées dans une crique près de Son-tay, que les propriétaires nous indiquent. Nous ramenons quatre jonques à la remorque, une grande et trois petites, et sans perdre de temps nous commençons l’installation et le chargement. Une des petites jonques se trouve mauvaise, nous partirons seulement avec trois ; du reste, c’est tout ce que l’on pourra distraire de matelots des navires pour les conduire.

16 janvier. — Le colonel Tsaï arrive porteur de trois dépêches du général Tchèn, pour les vices -rois d’Hâ-noï et de Son-tay et pour moi. Le général Tchèn somme les vices-rois de ces deux villes d’avoir à me laisser librement circuler pour le compte des mandarins du Yûn-nân et de me fournir les barques et les bateliers dont j’ai besoin. Dans le cas où l’on refuserait d’obéir à son ordre, il viendra lui-même à la tête de ses troupes pour me faire donner les barques et protéger mon passage.

Nous avons beaucoup à faire pour gréer les barques qu’on nous a livrées dépourvues de tout, même de gouvernail. Des fournisseurs tong-kinois ne demandent pas mieux que de nous vendre tout ce dont nous avons besoin, mais ils voudraient avoir l’air de céder à la force pour échapper au châtiment que les mandarins ne manqueraient pas de leur infliger. Nous avons recours à ce moyen pour ne pas les compromettre.

17 janvier. — Malgré la menace du général Tchèn, les mandarins annamites ne se montrent pas plus accommodants ; ils déploient une très grande activité, surtout le vice-roi Tchine, craignant que nous n’ayons l’intention de les attaquer. Le vice-roi cherche à gagner du temps en nous priant d’attendre les ordres du roi, cinq ou six jours au plus ; mais il ne peut rien faire d’ici là,