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VOYAGE AU YÛN-NÂN

18 janvier. — Départ à 7 heures du matin, avec la chaloupe et les trois jonques. Celles-ci sont armées et montées par 30 Chinois et 9 Européens, non compris mon mandarin Ly-Ta-Lâo-Yé, son secrétaire, ses domestiques et les miens. Nous comprenons un total effectif de 50 personnes. Nos navires, qui sont mouillés devant l’île, doivent aller reprendre leur position devant Hanoï ; nous étions mieux ici pour nos préparatifs et pour les Tong-kinois, qui pouvaient venir à bord sans être vus.

Ces jours derniers, les mandarins me voyant décidé à remonter le fleuve, me disaient qu’il n’y avait pas une goutte d’eau dans le haut et que je ne pourrais passer. D’ailleurs les sauvages et les rebelles sont là qui ne feraient qu’une bouchée de nous. Je leur ai répondu que je connaissais tout cela et que rien ne pouvait me faire peur ; ce que voyant, les mandarins m’ont donné à entendre que le général Ong, qui commande dans le haut un corps d’armée contre les rebelles et les montagnards, pourrait bien m’empêcher de passer et qu’il avait peut-être des ordres à cet égard. À les entendre, ce fameux général est un homme terrible.

Aujourd’hui, nous mouillons au-dessus de la deuxième île, à 4 heures du soir. Nous n’avons pas fait beaucoup de chemin, il faut que nos hommes fassent connaissance avec leur barque.

19 janvier. — À 6 heures du soir, nous mouillons à 4 milles au-dessous de Son-tay. Amoy et un autre, qui ont manqué le départ, nous rejoignent et nous disent que Fang, vice-roi de Son-tay, vient d’arriver à Hâ-noï pour me voir. Je pense que c’est pour arranger l’affaire avec le vice-roi. Une lettre que {{M.|Millot m’a écrite un peu plus tard pour me rendre compte de ce qui s’est passé après mon départ, me dit que le vice-roi de Son-tay espérait encore retarder mon départ. Il avait fait venir Me"’ Puginier à Hâ-noï et voulait qu’il m’écrivît pour m’engager à redescendre et attendre les ordres du roi. Il avait d’ailleurs, disait-il, donné des ordres au général qui commande à Kouencé pour m’empêcher de passer, il était donc inutile que j’allasse plus loin. {{|Mgr|Puginier}} répondit qu’il n’avait aucune autorité pour me donner des conseils et que mieux que personne je savais ce que j’avais à faire.

20 janvier. — Nous arrivons devant Son-tay à 9 heures du matin. La citadelle, qui est située à 700 ou 800 mètres du fleuve, est reliée à celui-ci par des faubourgs dont la population peut atteindre 15,000 âmes environ. La ci