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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

l’invite à assister au spectacle du dépouillement de son corps, et mettant le feu à son bûcher, il y verse les libations de beurre clarifié, récite les mantras de circonstance et entre dans les flammes : praviveça hutâcanam[1]. Mais émergeant de la fournaise en adolescent, सच पावकसंकाशः कुमारः समपद्यत, il s’élève au séjour de la béatitude où le père suprême, pitâmahah, le reçoit avec le mot svâgatam, sois le bienvenu.

Après cela, Râma voit affluer vers lui les solitaires de la forêt Daṇḍaka. Parmi eux, plusieurs se tenaient toujours la tête en bas, सदावाकिशरसः, tandis que d’autres se balançaient en équilibre sur l’orteil d’un seul pied (droit ou gauche), स्थिता वमुमतों चान्य कृअवैकाङ्गुष्ठपीडितं[2]. Tous le prient de les protéger contre les râkshasas, dont les méfaits sont devenus intolérables. Râma le leur promet et va, accompagné de ces maharshis à l’ermitage de Sutîkshṇa, cet anachorète parfait, siddham, dont Çarabhanga lui a recommandé la visite. Arrivant devant le rishi, Râma le salue en faisant l’anjali et en touchant avec humilité la terre de sa tête[3]. Le pénitent, de son côté, l’accueille comme une personne qui possède la science, qui est douée de discernement et sait tout : ज्ञानविज्ञनमंपन्नः सर्ववित्[4]. Cependant le héros ne passe qu’une nuit chez le muni et continue son voyage avec les solitaires après avoir rendu le culte voulu aux trois feux des anachorètes, agnitrayan, et fait la marche par la droite (pradakshina) autour de Sutikshṇa.

Sur ces entrefaites Sîtâ, inquiète de ce que son époux chéri a promis de faire la guerre aux râkshasas, lui manifeste son trouble et finit par lui dire : « Je n’aime pas, ô héros, ce voyage à la forêt Daṇḍaka. Si les râkshasas ne t’ont pas offensé, tu ne dois pas les tuer : अपराधाद्वते नापि हन्तत्या राक्षसास्त्वया. Tu ne dois être qu’un humble muni attaché à ton devoir, » भवेस्त्वं नियतो मुनिः° धर्मपराणः[5]. Râma lui répond : « Le kshatriya doit empêcher l’oppression, et puisque les anachorètes de cette forêt, si secourables eux mêmes, m’ont, de leur propre mouvement, demandé ma protection contre

  1. Râm., 111, 9, 33.
  2. Ib., 10, 5 sq.
  3. Ib., 11, 6.
  4. Ib., ib., 12.
  5. Ib., 13, 23 sqq.