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LE KANDJOUR[1]
COMPILATION DES LIVRES SACRÉS DU TIBET


La grande compilation en cent volumes des livres sacrés du Tibet est appelée Kâ-gyur ou vulgairement Kan-gyur (bkah-hgyur), བཀའ་འྒྱུར​ c’est-à-dire « traduction du commandement », parce que ces livres ont été traduits du sanscrit, ou de l’ancienne langue de l’Inde (rgya-gar-skad) རྒྱ་གར་སྐད​, terme par lequel on peut entendre le prâkrit ou dialecte du pays de Magadha[2], principal siége de la foi bouddhique dans l’Inde, en ce temps-là.

Ces livres renferment la doctrine de Çâkya, Buddha qui, selon la plupart des auteurs tibétains, aurait vécu un millier d’années avant le commencement de l’ère chrétienne[3]. Il en fut fait des compilations dans l’Inde ancienne à trois époques et dans trois localités différentes. La première suivit immédiatement la mort de Çâkya ; la deuxième date du temps d’Açoka, roi célèbre qui résidait à Pâtaliputra, cent dix ans après le décès de Çâkya ; la dernière est du temps de Kaniṣka, roi du Nord de l’Inde, postérieur à

  1. J’écris Kandjour contrairement à mes principes d’orthographe, parce que Kandjour est une forme qui imite la prononciation et n’est point du tout le calque du mot tibétain. (L. F.)
  2. Pali est le nom usuel de ce dialecte prâkrit, appelé à Ceylan « langue de Magadha ». (L. F.)
  3. Les Bouddhistes de Ceylan et de l’Indo-Chine le placent à une époque plus récente, et assignent à sa mort la date de 543 avant de notre ère ; la critique moderne tend à ramener cette date à 478. (L. F.)