Page:Annales du Musée Guimet, tome 21.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xcii
ANNALES DU MUSÉE GUIMET
Voici une série de faits qui prouvent l’antiquité de ces rituels et qui en légitiment l’emploi dans l’interprétation de l’original.


1o La littérature pehlvie du haut moyen âge contient un grand nombre de données rituelles, et ces données concordent exactement avec celles de nos rituels, lesquels, par là, et au moins pour ces données, se trouvent remonter du coup au viiie ou au ixe siècle de notre ère. Ainsi les nîrangs relatifs au pressurage de Haoma, donnés au Hà XXVII, coïncident exactement avec ceux que donne incidemment le Dàdistân (XLVIII, 30-32), qui date au plus tard de l’an 881. Au Hà LXIV, le rituel pehlvi nous montre le Zôt quittant sa place et faisant trois pas vers l’autel du feu (v. i. p. 400) : nous trouvons le même rituel dans le Dìnkart IX, 43, 7, qui date du même siècle[1]. Voici donc une partie du rituel qui remonte au moins au ixe siècle de notre ère. Or, toute cette littérature pehlvie du ixe siècle appartient à une ère, non de création théologique, mais de renaissance et de conservation traditionnelle ; car, après la conquête arabe et l’effondrement religieux qui suivit, tout le travail des docteurs se borna à sauver les débris du passé ; il est donc très vraisemblable que ce rituel du ixe siècle n’est pas né au ixe siècle et représente une tradition de la période sassanide.
2o Il y a accord interne entre les nîrangs et le texte original pour toute une partie du rituel. Ainsi très souvent le nîrang recommande de répéter telle formule ou tel texte deux fois, trois fois, quatre fois. Or ces indications sont confirmées directement par le chapitre du Vendidad qui donne la liste des prières à répéter deux fois, trois fois, quatre fois (des Bishâmrûtas[2], des Thrishâmrûtas[3], des Cathrushamrûtas)[4] : ce rituel donc est ici
  1. Cf. encore le nîrang du Hà XXXIII, 11 avec le Cìmî Gâsân, § 9.
  2. Par exemple, d’après le nîrang, la première strophe de chaque Gàtha est répétée deux fois : le Vendidad X, 4, met les débuts des cinq Gàthas au nombre des Bishâmrûtas.
  3. Cf. XXXIII, 11 et Cìmî Gâsân, §9 ; XXXV, 5 (Vp. VIII, 2) ; LIII, 9 et Vendidad X, 8.
  4. Yasna XXVII, 3 et 13 ; IX, 44 et Cìmî Gâsâ', § 1 ; Vendidad X, 12 ; — XXVII, 4, (XXXIV, 15) ; XXVII, 5 (LIV, 1) et Vd. X, 12 ; Cìmî Gâsânn, §47. Exemple et concordance d’un autre ordre. Au Vispéred, III, 6, le Râspî prend le titre d’Âtravakhsha ; c’est que sa dernière opération a été de porter l’êsm bôê au feu (Yasna, XI, 11). — Cf. des expressions techniques comme paiti-hereta en parlant du Barsom (III, 1), fraoirisemna en parlant du Hâvan (Vp. XII, 5), qui ne s’expliquent que par le nîrang.