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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


III

Nos deux rituels, comme nous l’avions déjà dit, et comme le lecteur le verra au cours du livre, ne sont pas identiques. Leur différence ne tient pas seulement aux pertes que le culte a faites dans l’Inde[1] : elle tient aussi à des divergences réelles. Il est probable que le rituel zend n’entrait pas dans tous les détails et laissait place à des variations considérables. Déjà le Nîrangistân, à propos d’un seul et même nîrang, donne souvent des doctrines différentes, émanant de différents Dastùrs. « Dès les temps les plus anciens, m’écrit à ce sujet M. Tahmuras, nous trouvons des différences dans l’accomplissement des mêmes kiryàs. Comme la traduction pehlvie du Vendidad nous montre les opinions différentes de différents auteurs de Càshtaks, ainsi le Nîrangistân nous présente divers Càshtaks sur la même kiryà. Les compilateurs du Nîrangistân, Pishaksar et Sôshyans, expriment souvent cet aveu : am la rôshan, je ne sais pas : telle était la franchise de ces Dastùrs des vieux temps. À présent non plus il n’y a pas accord sur les kiryàs. Il y a aussi des différences entre les prêtres de l’Inde et ceux de la Perse. Les prêtres de profession défendent leur propre pratique comme la seule authentique et traitent de fausses celles qui s’en éloignent. Et ainsi la querelle des kiryàs continue de longue date. »
Ainsi les deux rituels que nous donnons n’épuisent pas toute la variété du rituel. Non seulement la kiryà indienne diffère du nîrang pehlvi ; mais la kiryà d’aujourd’hui diffère aussi de la kiryà la plus ancienne connue, que nous trouvons dans un vieux Yasna zend-gujrati, qui date d’environ quatre cents ans et que le Dastùr Hôshangjì, de Puna, a bien voulu me communiquer. J’ai cru inutile et dangereux pour la clarté de l’exposition de donner toutes les divergences liturgiques que l’on pourrait ainsi recueillir, et j’ai cru meilleur de me borner aux deux rituels, chacun représentant toute une famille ; la kiryà imprimée représentant la coutume présente des
  1. Voir plus haut, p. xci.