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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
15 (46). C’est toi qui fis se cacher sous terre tous les Daêvas, ô Zarathushtra, qui auparavant sur cette terre fondaient sous forme virile 45[1] ; toi en qui a paru la plus forte, la plus vigoureuse, la plus énergique, la plus rapide, la plus victorieuse créature des deux Esprits.
16 (48). Et Zarathushtra dit : Prière à Haoma !

Haoma est bon : Haoma est bien créé, il est créé juste ; il est créé bon 46[2] et guérisseur. Il est beau de forme, il veut le bien 47[3], il est victorieux. De couleur d’or, de tige flexible, il est excellent à boire et le meilleur des viatiques pour l’âme 48[4].
17 (54), O Haoma d’or, je demande de toi 49[5] la sagesse 50[6], la force et la victoire ; la santé et la guérison ; la prospérité et la grandeur ; la force de tout le corps et la science universelle 51[7] ; et que je puisse aller par le monde, en maître souverain, écrasant la malfaisance, détruisant la Druj.
18 (60). Que je puisse écraser la malfaisance de ceux qui infligent le mal 52[8] ; hommes et Daêvas, Yâtus et Pairikas 53[9] ; des oppres-
  1. 45. Sous une forme propre aux démons, et non pas sous la forme humaine, qui est précisément une forme que le malheur du temps les a forcés d’adopter. Voici quelques renseignements curieux, que le Commentaire nous fournit sur l’histoire des démons avant et après Zoroastre : « Ceux qui pouvaient rendre leur corps invisible, il brisa leur corps ; ceux qui ne pouvaient, il les brisa eux-mêmes (les anéantit). Le bris de corps consiste en ceci que depuis ce moment ils ne purent plus faire le mal sous forme démoniaque, si bien qu’ils ne le font plus à présent que sous forme d’animaux ou d’hommes. » cf. vol. II, 319, § 28.
  2. 46. hudhâtô, arshdàtü, vańhush dàto : le pehlvi semble entendre « qui donne bien ; qui donne avec justice (à qui il faut donner) ; qui donne le bien ». Toujours la même amphibologie du sens de  ; cf. p. 50, n. 4.
  3. 47. hvaresh (hu-varez-s), hûkâmakômand ; cf. verezyańuha, page 15, note 48.
  4. 48. urunaêca pàthmainyôtemô ; « c’est par toi que se fait le mieux le viatique [anbàr « la provision «] de l’âme ; car c’est toi qui rends propre au Garôtmân » (P.). — pàthmainyô est l’adjectif d’un substantif pàthman, probablement, dérivé de pàth « chemin » ; c’est donc exactement viaticum.
  5. 49. ni mruyé : litt. « je dis en bas », c’est-à-dire « je fais descendre par ma parole ». cf. Yt. XXIV, 39.
  6. 50. madhem : N. vidyâ, P. farhang, cf. μανθ-άνω ; voir Yasna X, n. 22.
  7. 51. mastîm vîspô-paèsańhem « la science qui a toutes les formes ».
  8. 52. yatha taurvayêni vîspanàm thishvatàm thaêshâo ; formule fréquente, imitée des Gâthas : yâ daihishvatô dvaêshào taurvayâmâ, Y. XXVIII, 6 c.
  9. 53. Yàtu-s et Pairika-s, magiciens et magiciennes. Bien que Yâtus et Pairikas soient souvent cités ensemble, ils ne sont pas du même ordre : Yàtu, devenu le persan jâdû « sorcier », semble toujours s’appliquer aux hommes ; il désigne les suivants