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ZEND-AVESTA  : YASNA 9. — HÔM-YASHT 1


ture tu es ceint sur les hauteurs des montagnes 80[1], (et ceint) jusqu’à la fin des temps 81[2] de la récitation des paroles saintes 82[3].


27 (83). O Haoma, maître de la maison, maître du bourg, maître du district, maître du pays, maître de la prospérité et de la sagesse !

Je t’implore pour ce corps, je te demande pour lui la force, et la victoire et la prospérité riche en jouissances 83[4].
20 (85), Dérobe-nous à la malice de ceux qui nous font mal, détourne de nous l’âme des furieux 84[5].

    mieux « faite par les esprits célestes » (mînôyân tâshît), par une de ces métaphores, fréquentes dans le Mazdéisme, qui voient dans les objets familiers du culte une image des grands objets naturels ou spirituels. Les étoiles sont ici les pierreries d’une immense ceinture jetée autour du monde. La métaphore est développée et expliquée au long dans un vieux texte cité dans le Dâdistân, XXXIX, 11 : « Quand le Destructeur (Ahriman) fondit sur la création, la foule des démons et des Péris se précipita sur la terre et l’atmosphère et jusque sous la sphère des étoiles : et ils virent la multitude des lumières, et ce boulevard de la Gloire de la Religion, et la ceinture (parvand) de tous les bons désirs et de toutes les œuvres, brillante comme un kôstî lumineux… Cette grande gloire de la pure Religion, qui résout tous les doutes, est belle et brillante au loin, comme il est dit dans l’Avesta (mânsar) ; « l’Evanghin « brodé d’étoiles, fait par les esprits célestes (mainôkân tâshît), la bonne Loi des Mazdéens. »

  1. 80. Sur les montagnes où il pousse (cf. Y. X, 11, 28).
  2. 81. dràjanhê ahvidhàitîshea, glosé « jusqu’à la résurrection » : dràjah signifie donc dareghô zrvan « le temps long », c’est-à-dire toute la durée du temps fini (cf. Y. LXII, 3 — LXI, 8) ; aiwidhàiti, madam sâtûnishn, uparipravrittyâ, désigne l’écoulement du temps.
  3. 82. gravasca màthrahé semble construit avec aiwyàstô. Le mot pehlvi qui traduit gravasca est perdu dans nos manuscrits : c’était sans doute vakhdânt « pris », car Nériosengh a grihîta ; litt. « prises de la Parole Sainte, de l’Avesta » (de gar « prendre » ; cf. note 72).
  4. 83. thrimâica yat pouruhaokhshnahê, patikhic î pur bôjishnih, khvâstak î man nîvakîh î kabad ajash « la prospérité qui a beaucoup de confort ; c’est-à-dire la fortune qui apporte beaucoup de bonnes choses ». — « confort » pour bôjishnih n’est qu’un à peu près : le mot signifie « délivrance » de buj (N. : çuddhi) ; c’est l’affranchissement de tous les ennuis de la pauvreté.
  5. 84. gramentàm : la traduction « furieux » est toute hypothétique (d’après grańta) : le pehlvi a garân mân khâtâi (M, 57 0000000 « seigneur de maison cruel ( ?) » ou mieux « prince cruel » en identifiant mân au suffixe de shâd-mân (dérivé de manô ; Ėtudes iraniennes, I, 261). Le pehlvi garân mân serait une traduction étymologique, assez exacte néanmoins quant au sens. Cf. ces mots du Dînkart IX, 24, 5 : mânâki old-î pun garân màn shadîtûnt tir, « comme une flèche lancée avec fureur ».