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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


En 1700, parut la première étude systématique sur les religions de la Perse : c’est le livre du fameux orientaliste d’Oxford, Thomas Hyde 1[1]. Thomas Hyde avait compris que les données extérieures ne suffisent jamais pour faire connaître une religion : on ne peut la connaître et la comprendre que par ses propres monuments. Aussi, tout en réunissant tout ce que pouvaient fournir les historiens classiques et en y ajoutant les données des historiens musulmans, il voulut appuyer sa recherche sur les monuments authentiques des vieux Perses (genuinis ipsis veterum Persarum monumentis). Malheureusement les textes qu’il prit ou donna pour tels n’étaient que des compilations récentes ou des traductions d’ouvrages relativement récents, et toutes en persan : le Saddar, sorte de manuel du Parsisme, très fidèle et très clair, mais dont il donna une édition et une traduction trop imparfaites ; un poème persan, traduit sur le pehlvi, la Descente d’Ardd Virdf aux Enfers ; enfin le Farhangi Jehangiri, dictionnaire persan rédigé par l’ordre de l’empereur Johangir vers l’an 1609, et qui contient en appendice un lexique de mots pehlvis et pazends. Néanmoins, malgré ce défaut radical, inévitable d’ailleurs à cet époque ; malgré les rêveries historiques de l’auteur sur les origines du Magisme, sur le rôle d’Abraham, premier législateur des Perses, sur la réforme de Zoroastre, disciple des Juifs exilés à Babylone, qui ramène à sa pureté première la doctrine d’Abraham corrompue au contact des superstitions sabéennes ; le livre du bon docteur présentait pour la première fois un tableau d’ensemble du Parsisme moderne et le Zoroastrisme se trouva mis à l’ordre du jour. Un appel chaleureux adressé aux voyageurs, les encourageant à chercher et acheter à tout prix les livres

    cela ils l’ont en plus grande vénération, disant qu’il suffit que les paroles que nous adressons à Dieu dans nos prières soient entendues de lui seul : ils ont pourtant d’autres livres qui leur expliquent ce qui est contenu en celui-là » : il s’agit sans doute des commentaires pehlvis) ; — Raphaël du Mans, Estat de la Perse en 1660, éd. Schefer, 1891, pp. 42-45 ; — Chardin (Voyages, éd. in-4o, III, 127) décrit leurs cérémonies et donne un alphabet fautif ; — J. F. Gemelli, A voyage round the world, 1698, etc. — Voir des citations de Pietro délla Valle, Mandelslo et autres dans Hovelacque, L’Avesta, 1886, pp. 18 sq. Un Corpus des témoignages des voyageurs depuis Henry Lord serait non seulement curieux, mais utile pour le commentaire réel de l’Avesta.

  1. 1. Veterum Persarum et Parthorum et Medorum religionis historia, Oxford, 1700.