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ZEND-AVESTA  : YASNA 12 ET 13. — APPENDICE

Depuis que les Parsis sont en rapport avec les Européens, ils n’ont cessé de protester contre une accusation qui entache si gravement la pureté qui fait la gloire de leur religion. Ils récusent les témoignages étrangers, qui, en tout état de cause, ne doivent jamais être reçus qu’avec précaution : car l’ignorance et la médisance sont à la fois imaginatives et crédules, et une religion ne doit jamais être jugée que directement sur ses axiomes et ses œuvres propres : cependant les textes pehlvis, émanés de leurs ancêtres, confirment d’une façon trop frappante les témoignages classiques pour ne pas leur prêter une autorité à laquelle ils n’auraient point droit d’eux-mêmes. Mais la question n’est pas de celles auxquelles on peut répondre par un oui ou par un non ; je crois que les Parsis ont raison dans leur protestation, quand elle se contente de couvrir l’Avesta, et qu’ils ont tort quand elle va au delà.


Un fait certain, c’est qu’aujourd’hui le mariage incestueux est inconnu, non seulement en fait, mais en droit, et que le Khêtûk-das n’a lieu qu’entre cousins. D’autre part, le Khêtùk-das, ainsi entendu, n’est point particulier aux religionnaires parsis : leurs compatriotes persans le connaissent également, quoique depuis l’abolition du Mazdéisme il ne soit plus fondé que sur les mœurs et non sur la religion, et que les révolutions sociales et ethniques, amenées par l’Islam et les invasions mogoles et turques, l’aient réduit considérablement. A l’heure présente, il n’est plus guère pratiqué que dans les provinces qui ont conservé, comme l’ont fait les Parsis, le régime patriarcal et l’unité de la famille — par exemple dans l’Adarbaijan, — ou chez les familles riches, auxquelles le recommandent d’accord l’orgueil de caste et l’intérêt ; car en même temps qu’il préserve la pureté du sang, telle qu’on l’entend là-bas, il empêche la dot et les cadeaux de noce d’aller à l’étranger. Le Persan de vieille roche peut dire qu’une cousine est une fiancée donnée par la nature, et il y a un proverbe qui le dit à sa façon ; ---- ------ ---- -- ------ --- « les mariages entre cousins sont faits au ciel » 2[1].

Il est clair que ce Khêtûk-das sporadique de la Perse musulmane est un

  1. 2. Communication de M. Ahmed-Bey Agaeff (de Choucha, Karabagh).