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Page:Annales du Musée Guimet, tome 21.djvu/37

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ZEND-AVESTA. — INTRODUCTION I : LES ÉTUDES ZOROASTRIENNES

revenait à dire avec beaucoup de détours que le zend ne dérive pas du sanscrit, mais que le zend et le sanscrit dérivent tous deux d’une langue plus ancienne. C’est à dégager ces conclusions, entrevues par le Carmélite, que va marcher tout le progrès de la science.

Les vingt-cinq premières années de ce siècle furent stériles. Grotefend ébauche le déchiffrement des inscriptions perses, mais sans que ni lui ni Anquetil songe à chercher dans le zend un instrument de recherche ou de confirmation. En 1808 John Leyden fait du zend un dialecte pracrit, parallèle au pâli, le pâli étant identique au magadhi des grammairiens et le zend à leur sauraseni[1]. En 1819, Erskine fait du zend un dialecte sanscrit importé de l’Inde en Perse par le fondateur de Magisme, mais n’ayant jamais été parlé par les indigènes de Perse[2]. Son grand argument est que le zend n’est pas cité dans le Farhangi Jehangiri parmi les sept langues anciennes de la Perse. Il est d’ailleurs obligé d’avouer que, quant au contenu, l’Avesta concorde étrangement avec les données des anciens et que son livre fondamental, le Vendidad, s’il est l’œuvre d’un faussaire, est l’œuvre d’un faussaire d’une habileté rare et qui ne s’oublie jamais. Autant valait, remarquait Sacy, n’y pas voir l’œuvre d’un faussaire.

Le mémoire d’Erskine provoqua une réponse décisive d’Emmanuel Rask, un des initiateurs les plus originaux de la grammaire comparée et qui eut l’honneur d’être le précurseur de Burnouf dans la philologie zende, de Grimm dans la philologie germanique. Il avait en 1820 recommencé l’expédition d’Anquetil et avait recueilli une riche collection de manuscrits zends, les plus anciens qu’il pût trouver. Dans une lettre à Elphinstone, président de la Société littéraire de Bombay, il réfute avec un rare bon sens les objections théoriques d’Erskine ; il montre que le passage du Jehangiri se rapportait à des périodes bien postérieures à celles où se placent le zend et le pehlvi ; que le persan moderne ne doit pas dériver du zend, mais d’un dialecte très voisin ; qu’il est impossible d’admettre qu’une religion soit prêchée à un peuple dans une langue étrangère ; enfin, et c’est là le point

  1. Asiatick Researches, X, 283.
  2. On the Sacred Books and Religion of the Parsis (dans les Transactions of the Literary Society of Bombay, 1819).