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ZEND-AVESTA. — INTRODUCTION I : LES ÉTUDES ZOROASTRIENNES
Gushtàsp, le protecteur de Zoroastre, avec l’Hystaspes, père de Darius, des historiens grecs, Gushtàsp transcrit en sanscrit, lui donnait Ghushtâçva « dont le cheval a été entendu », ce qui confirmait la légende de Darius obtenant le trône par le hennissement de son cheval. Vullers aurait pu se demander pourquoi cette épithète remontait au père de Darius au lieu de rester attachée au héros de l’aventure, il se serait épargné ces frais de sagacité s’il avait demandé au zend la forme originale du nom de Gushtàsp, qui est Vishtâspa.

IV

Enfin parut Burnouf. Depuis la publication du Zend-Avesta d’Anquetil jusqu’à celle du Commentaire sur le Yasna, c’est-à-dire au cours de plus de soixante-dix ans (1771-1833), on n’avait fait aucun progrès réel dans la connaissance des textes zends. La parenté du sanscrit et du zend est la seule idée nouvelle qui fût entrée dans la circulation : elle n’avait d’ailleurs amené aucun progrès pratique. La traduction d’Anquetil était toujours la seule autorité, et à mesure que s’évanouissaient les doutes sur l’authenticité de l’Avesta, l’œuvre du traducteur prenait un caractère d’infaillibilité. Anquetil avait appris le zend de la bouche des Parsis même : qui pouvait prétendre en Europe faire la leçon à ses maîtres ? Rask n’avait pas continué ses pénétrantes recherches et personne ne songeait à lire l’original à la lumière de la traduction.
Vers 1825 Eugène Burnouf, plongé dans ses études pracriles, cherchait à délimiter le domaine des langues aryennes dans l’Inde. Il avait établi la limite qui, au midi de l’Inde, sépare les races de langue aryenne des races non aryanisées : il lui restait à présent à établir s’il y avait au nord-ouest une ligne de démarcation analogue ou si c’était en dehors de l’Inde qu’il fallait chercher les origines de la langue et de la civilisation indiennes. Il fut ainsi conduit à interroger les langues de la Perse et tout d’abord la plus ancienne de toutes, le zend. Mais quand il essaya de lire l’Avesta en