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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


établissement de Beh-dìns doit avoir un Feu Bahrâm[1] : quelques Dastùrs veulent qu’il n’y en ait qu’un par communauté, car le Feu Bahrâm est roi et il n’y a qu’un roi par pays[2].
Le feu Âdarân, ou plus correctement l’Âtash Âdarân « le Feu des feux », est formé des feux domestiques qui ont servi trois fois.
Les deux feux diffèrent non seulement par la façon dont on les prépare, mais aussi par celle dont on les nourrit. Au feu de l’Âdarân, le prêtre présente, à chacun des cinq Gâhs. en récitant le Nyàyish du feu[3], une pièce de bois de santal. Le feu Bahrâm est plus vorace : étant roi, il lui faut une mâci un trône, c’est-à-dire six pièces de bois de santal arrangées par paires superposées en forme de trône à degrés.
Le temple même ne diffère pas dans sa forme, bien qu’en général les dimensions d’un Âtash Bahrâm soient naturellement plus vastes que celles d’un simple Âgyârî ; mais le plan est le même. On pourrait facilement transformer un Âgyârî en Feu Bahrâm sans avoir à dépenser une roupie sur l’édifice même, tout le travail portant sur la substitution d’un feu à l’autre. Nous allons décrire l’Âgyârî de Colaba[4], dont nous devons le plan
  1. Spiegel, Avesta, II, lxxi ; Saddar, XXXIX.
  2. Depuis quelques années la polémique sur ce sujet est portée sur le terrain pratique : le Dastùr Jamaspji a posé en 1886 la première pierre d’un nouvel Âtash Bahrâm : le Dastùr Peshotan, prêtre du Wadia Âtash Bahrâm, conteste le caractère sacré du nouveau temple et enseigne que toutes les cérémonies qui y seraient célébrées seraient nulles et sacrilèges. Cependant il y a déjà à Bombay deux autres Âtash Bahrâm : le Dadiseth, bâti en 1783 par Dadibhai Nushirvanji Dadiseth, qui appartient, il est vrai, à la secte des Qadimis ; et le Framji Kavasji bâti en 1845. Le Wadia date de 1830.
  3. Voir au vol. II, aux Nyâyish : la partie essentielle de l’Âtash Nyâyish est constituée par le Hâ LXII.
  4. Dit Âgyârî de Seth Jijibhay Dadabhay, bâti en 1837. Le plan a été dressé par MM. Shapoorjee et Munchershah N. Chandabhoy, architectes. Voir les planches I et II.
    Les photographies des planches III, IV, V représentent des détails pris d’un autre Âdarân qui a été inauguré il y a quelques mois à peine, en novembre 1891, et qu’on peut pourtant considérer comme un des plus anciens de Bombay : car il remplace un Âdarân qui occupait le même local (Bazar Gâte Street) et bâti en 1733 aux frais de Manekji Naoroji Seth (Dosabhai Framji, l. l., 17). Le nouvel Âdarân a été bâti par l’un des héritiers de Manekji, le huitième mutavali du temple depuis 1733, M. Jalbhai Ardashir Sethna : il a coûté 200 000 roupies. C’est à l’amabilité de M. Sethna que nous devons ces photographies. La façade du temple, que nous ne donnons pas, présente une imitation pittoresque des formes persépolitaines.