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Page:Annales du Musée Guimet, tome 22.djvu/53

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ZEND-AVESTA : VENDIDAD. — FARGARD I



II

5 (13). Le second, des lieux et pays excellents que je créai, moi, Ahura Mazda, fut la plaine qu’habitent les Sughdha (les Sogdiens) 10[1].

    7. Tout ce paragraphe a les allures d’une citation interpolée. Nous l’insérons pourtant dans le texte parce que la traduction pehlvie le traite comme texte.

    8. Le Vendidad Sadé interpole ici les mots suivants : hapta heñti hàminô màoňha, pañca zayana ashkare, où le mot ashkare semble une transcription pazende du pehlvi âshkâr : « on sait (?) qu’il y a [normalement] sept mois d’été et cinq mois d’hiver » : telle est, en effet, la répartition habituelle de l’année (Bund. XXV, 7 ; cf. vol. I, P. 37).

    9. Le Minôkhard, assez maladroitement, entend les deux mois de l’été même : « Le démon de l’hiver règne le plus en maître dans l’Erà-vêj ; et il est dit dans la Loi : Il y a dans l’Erâ-vêj dix mois d’hiver, deux mois d’été, et même ces deux mois d’été sont froids pour l’eau, froids pour la terre, froids pour les plantes ; c’est l’hiver qui est leur fléau (patyâra) et les serpents y abondent ; il n’y a point là d’autre fléau. »

  1. 10. gaom yim Sugkdkô-shayanem : la traduction « plaine » pour gava repose sur la glose pehlvie, citée plus bas, qui le rend par dasht ; il n’y a point de difficulté phonétique contre le rapprochement avec l’allemand gau (primitif *ghava). Cependant la transcription gavai semblerait indiquer que l’on a affaire à un nom propre.

    Sughdha est le perse Suguda, nom de la Sogdiane : mais le mot, comme la plupart des noms perses de pays, désigne primitivement l’habitant : cf. Pârsa, le Perse et le pays perse ; Màda, le Mède et le pays mède, etc. — Le nom Sughdha s’est maintenu dans la littérature pehlvie (Bd. XX, 19), ainsi que chez les géographes arabes, qui désignent par xxx le fleuve et la vallée du Zarafshan. La partie la plus célèbre de cette vallée était dite le Soghâ de Samarqand et faisait l’un des quatre plus beaux sites du monde. Sur une vallée de huit journées de marche ce n’était « qu’un enchevêtrement non interrompu de verdure et de jardins. Ces jardins sont entourés de rivières intarissables ; au delà des jardins, de chaque côté, il y a des champs cultivés, et au delà de ces champs des pâturages pour les troupeaux. C’est de tous les pays que Dieu a donnés à l’homme le plus agréable et celui où les arbres sont le plus beaux » (Géographie d’Aboulféda, tr. Guyard, II, 213). La traduction pehlvie transporte ou semble transporter Sughdha aux bords de l’Euphrate : elle porte : gavai Sûrîk mânishn, ai dashti Sûrîk mânishn « la plaine de Syrie » ; ce que le Grand Bund. interprète Bagdad : « le deuxième [pays] excellent que je créai fut la plaine habitée par les Sùrig, c’est-à-dire Bagdâd (créé par les Dieux : datîgar pahlûm yahbûnt dashti Sùrig mânishn, aîghash Sûrîg patash katarûnand : îl Bakdât, bagàn-dât). N’était la permanence du nom Soghd, on serait tenté de voir dans Sûr-ik une déformation phonétique de Sughdha, et l’origine de Sir dans le nom du grand fleuve sogdien, le Sir Dariâ : l’assimilation à Bagdàd est évidemment une interpolation de copiste, née d’une confusion entre le pays Sûrîk et le Sàristân.