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ORIGINES DU ZOROASTRISME. — VII. RÉDACTION DE L'AVESTA


déisme, seul avec le Christianisme entre tous les systèmes religieux tou chés par Platon, a mérité de vivre.

Le Judaïsme offrait aux Zoroastriens, dans un ordre tout différent, des suggestions non moins fécondes. Le livre juif répondait à un certain nom bre de questions auxquelles le Zoroastrisme n’avait pas encore de réponse ou qu’il n’avait pas songé à poser. Il lui emprunta ses solutions et son cadre même. On a vu comment la Création, le Déluge, les Généalogies, les Patriarches, la Division des races, la Révélation trouvèrent leur transcrip tion zoroastrienne’. Il est possible que l’idée même del’Avesla, d’un Livre révélé. ait été suggérée par la Bible : le monde était arrivé à l’heure où il n’y aura plus de religion possible sans un Livre. L’imitation voulue et consciente se trahit ailleurs encore que dans les emprunts que nous avons signalés ; elle se trahit dans la division même de l’Avesta. Cette division des vingt et un Nasks en trois séries : Dâta ou Loi, Gâtha ou Métaphy sique, Hadha-mâthra ou Sujets mixtes,est la division classique del’Ancien Testament ; le Dâta répond à la Thora, la Loi ; les Gâthas aux Nebz‘ïm ou Prophètes ; le Hadha-mäthra aux Ketûéim ou Écrits divers". Lorsque l’is lam assimila les Zoroastriens aux Peuples du Livre“, il fit preuve d’un sen timent historique profond, et il avait résolu avant nous le problème des origines de l’Avesta.

Ainsi se forme, aux deux premiers siècles de l’ère chrétienne, par un travail d’école, par une œuvre raisonnée et réfléchie, une religion nou velle qui ne diffère point essentiellement de la religion ancienne, qui n’é tait autre que cette religion même, mais mise à jour, mise en accord avec les nécessités no uvelles, armée contre les uns et fortifiée par des emprunts aux autres. Le Néo-Zoroastrisme présente le premier exemple de cette mé 1. P. LVII sq.

2. Le nom même des Nasks, Naska (Yasna IX, 22), semble emprunté à la langue technique de la période post-biblique : ce n’est point, comme l’a proposé M. Spiegel, le sémitique mas/riz, manuscrit, car kh serait rendu kh. Les divisions de la Mishna sont appelées n39‘ ; massek’eth, pour ma-nsek’-eth, m-NSK-tk, litt. « tissu », d’où « texte n (cf. l’histoire du sens de teælus) : NSK est le simple de m-NSK-lh. 3. Ascn-Scmnmsnm’s Religionsparlheien, tr. Haarbrücker, l, 275.