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ORIGINES DU ZOROASTRISME. — INTRODUCTION À L’IRAN ANCIEN


Gàthas étaient, de la littérature dite gathique, le seul texte écrit dans un dialecte spécial et archaïque ; car les Nasks qui les commentent, à en juger par le témoignage concordant de tous les fragments qui nous en restent, étaient rédigés dans le dialecte vulgaire. Nous possédons donc dans les Gàthas un monument qui était déjà, pour les Sassanides comme pour nous, le noyau de l’Avesta et, dans le fond comme dans la forme, son élément le plus archaïque.

Nous avons déjà vu comment le vaste ensemble de l’Avesta sassanide s’est réduit au cours des douze derniers siècles aux modestes proportions qu’il a à présent 1[1]. Tout ce qui n’était point préservé par l’action directe et constante de la liturgie était exposé à périr, à mesure que s’éclaircissaient les rangs des fidèles, décimés par la persécution arabe, par l’exil, par la conversion. Les livres non liturgiques, moins souvent copiés, avaient moins de chance d’échapper aux causes de destruction qui les menaçaient, et dont la plus efficace était l’indifférence naturelle des fidèles pour des textes qu’ils ne pouvaient plus lire dans la langue originale et qu’ils retrouvaient sous une forme plus accessible dans les traductions, les commentaires, les abrégés, les analyses en langue pehlvie. Aussi, loin de faire un crime aux Parsis d’avoir perdu une partie si considérable de leur littérature ancienne, faut-il plutôt les féliciter d’avoir conservé tant de textes qui n’étaient point exclusivement liturgiques. La perte de l’Avesta sassanide a été progressive et les trouvailles faites dans les dernières années nous prouvent qu’elle est moins complète et moins irréparable que l’on n’imaginait. Au ixe siècle de notre ère, on le possédait encore tout entier, sauf un Nask : le dépouillement de la littérature pehlvie de ce siècle, qui vit une brillante renaissance de la littérature zoroastrienne, sous la domination plus sympathique des premiers Abbassides, nous a déjà rendu de précieux fragments des Nasks perdus : ce dépouillement commence à peine et nous pouvons légitimement attendre de l’avenir de nouvelles et plus larges surprises.

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  1. 1. Vol. I, xxxvi-xxxix.