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Page:Annales du Musée Guimet, tome 24.djvu/42

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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


tous les textes existants, et Tansar, rétablissant par conjecture 1 l’ensemble de l’Avesta, coordonne ces textes, les complète, en fait un ensemble qui est supposé reproduire exactement l’Avesta de Vîshtâsp, la loi ancienne, le livre perdu du Trésor de Shapîgân 2.

L’Avesta est donc, pour l’historien du Dînkart, un composé de textes antérieurs à Tansar et de textes émanant de Tansar, le tout étant une restauration, au sens technique du mot, de la loi ancienne ou de ce qui au temps d’Ardashîr passait pour être la loi ancienne.

Ardashîr et Tansar ne se contentèrent pas de réunir les textes anciens et de les coordonner en système : ils organisèrent aussi sans doute la liturgie : c’est du moins ce qui semble ressortir du passage où Maçoudi résume l’histoire de l’Avesta. « L’Avesta, dit-il, apporté par Zoroastre, devint le code des rois perses, jusqu’à l’époque où Alexandre, après avoir tué Dara, jeta au feu une partie de l’ouvrage. Plus tard, lorsque succédant aux chefs des satrapies, Ardéchir, fils de Babek, monta sur le trône, l’usage s’introduisit de lire un des chapitres, qu’ils nomment isnad : encore aujourd’hui, les Guèbres se bornent à réciter ce chapitre 3. » Dans ce chapitre récité dans l’office, il est difficile de ne point reconnaître le Yasna, et comme le Yasna est composé de morceaux empruntés à des sources très différentes, on peut conclure que Tansar ne se borna pas à réunir des textes, mais sut aussi les combiner pour un objet liturgique.

III

La collection de Tansar ne ferma point le canon. Elle fut complétée sous la génération qui suivit. Le successeur d Ardashîr, Shâhpûhr I er

1. Litt. « Le venir du saint Pôryôtkêsh, Tansar, qui était Herbed des Herbeds, avec la mission d’incorporer (cf. la fin de la citation, note 1 de la page qui suit), un ensemble manifesté de l’Avesta ». Ce qu’il apporte ce n’est pas l’Avesta même, mais un ensemble de : min Apastâk padtâk, « il ressort de l’Avesla », c’est-à-dire un ensemble de textes donnés comme reproduisant le sens de l’Avesta perdu.

2. Voir plus haut, page xxi.

3. Maçoudi, II, 125.