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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

II


Dans tout ce qui précède nous n’avons point distingué entre la religion des Perses achéménides et celle des Mages : cette confusion est-elle légitime, les Mages étant des Mèdes et non des Perses ?

On a cru voir dans les tombeaux de Darius et des siens àlVaqshi-Rustam la preuve que la loi principale des Mages, celle qui défend de souiller la terre avec les restes des morts, était lettre morte pour les Achéménides. Mais on n’a pas observé que la seule chose défendue par l’Avesla, c’est d’enfouir la chair qui pourrit et engendre l’infection’, mais non pas les ossements desséchés. Les Sassanides, ces Zoroastriens fervents, se faisaient «lu dualisme à l’unité, par un principe supérieur d’où sortent les deux principes el qui est l’Espace ou le Temps, Td- ;; ou Xpiv :;, remonterait au Zoroastrisme ancien ; car Damascius semble prendre pour autorité un disciple d’Aristole, Eudème. « Les Mages et toute la race arienne, comme dit aussi Eudème, appellent les uns Td :: :?, les autres Xpôvsç, l’univers encore idéal et dans l’unité {-i •tzr,-o’i x-x’i /.y.’ : -h vjvwjjivcv ) ; de là sont sortis par différenciation un Dieu bon et un Démon méchant, ou, selon quelques-uns, la Lumière et les Ténèbres avant ceux-ci. Ceux-ci, à leur tour, différenciant la nature indistincte, forment ainsi deux rangées d’êtres soumis à leur puissance : l’une est sous la direction d’Ormazd, l’autre d’Ahriman » {De primis principiis, éd. Kopp, 384). Damascius se réfugia à la cour de Ivhosroès vers Tan 530 : or, le système zervanite avait été en pleine vigueur au siècle précédent, surtout sous Yazdgard II (438-457 : cf. vol. I, 221, note 10), la conception du monde idéal est un emprunt néo-platonicien et tour cela fait que l’on ne peut s’empêcher d’avoir quelque doute sur l’antiquité de la source de Damascius et sur l’authenticité des mots (t’)ç -/.a’ ; -riût : Ypâçjs’. : E"J3r, ;j.sç, à moins qu’il ne s’agisse d’un autre Eudème que le disciple d’Aristote. — Le Temps et l’Espace sont des abstractions détachées de l’Éternité et de l’Infinité matérielle d’Ahura, dieu du ciel. L’Avesta les connait déjà sous le nom de Zrvan Akarana, « Temps sans bornes », et Gâtva hvadhâta, « L’Espace souverain » [zamdn et (jds dans le Bundahish, Vd. XIX, 36, note 98). Il n’y a point d’impossibilité absolue à ce qu’un Zervanisme eût déjà existé sous les Achéménides : car le dogme de la durée limitée du monde, de la Grande Période, suppose celui du Temps sans bornes. — Sur les systèmes zervanites, voir Ormazd Pt Akrbnan, pp. 314-338.

1. Vd. l.51, note 34.