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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

printemps et d’automne. Des bœufs et des brebis sont immolés, et leurs corps, dépouillés de la peau, sont placés sur des guéridons devant sa tablette. Les mandarins assistent à ces cérémonies à trois heures du malin. On distribue ensuite la chair du bœuf et des autres animaux aux lettrés de la ville qui le désirent.

Le temple a un caractère funéraire. Après avoir passé la porte, le visiteur traverse une longue avenue de cyprès pour arriver à la salle principale, où les tablettes et les dispositions sont les mêmes que dans les temples funéraires élevés aux ancêtres décédés. On n’y voit aucune image de Confucius, et quand il y en a, ce n’est qu’une statue d’ornement et nullement une idole. On rend pourtant un culte à la tablette qui porte le nom de place de l’âme. Quand on honore Confucius, on n’emploie aucune prière ; l’adorateur reste muet, il se prosterne seulement pour exprimer son respect [tour les vertus du sage. Tous ceux qui ont, en Chine, rang et propriété s’accordent avec la classe savante pour témoigner leur mépris pour toutes les religions autres que celle de Confucius ; ils associent son nom à leur vieille politique nationale, à leur littérature, à leur système de morale universelle, et enfin à tous les éléments de leur civilisation. Il fut si grand et si parfait qu’ils le croient infaillible. Pourtant il se distinguait par son humilité et n’aurait jamais eu l’idée de se proclamer infaillible ; il n’aurait jamais accepté cette haute dignité à laquelle ses disciples l’ont élevé.

Leur respect pour lui est devenu une religion. On apprend aux enfants à s’incliner devant Confucius quand ils entrent à l’école ; et quand, plusieurs années après, ils viennent à la salle d’examens pour prendre leurs degrés, ils répètent cet acte de respect. Ils ne lui prêtent sans doute pas les attributs d’un dieu, mais ils lui rendent un respect religieux, comme personnification de tout ce qui est bon et sacré.

Près du temple de Confucius est un édifice plus petit élevé à la mémoire des femmes vertueuses de la province. Devant chacune d’elles est placée une tablette où l’on brûle de l’encens dans certaines circonstances. Le temple des femmes vertueuses est moins grand et moins ornementé que celui de Confucius et des soixante-douze sages. Quelquefois il est élevé dans d’autres endroits. Nous en avons vu un dans l’île de Tung-tin, près de Soochou, à la mémoire des femmes de cette île. Il est situé sur une hauteur, dans une