Page:Annales du Musée Guimet, tome 4.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
108
ANNALES DU MUSÉE GUIMET
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

En écrivant ces lignes, je me souviens d’une ville fort peuplée construite au pied d’une colline, dans la région orientale de la soie en Chine. La colline formée d’une pierre rouge brillante, est couronnée d’uni’ pagode qui commande une vue très étendue. En entrant dans Le temple voisin le visiteur traverse plusieurs pièces bien meublées où il voit une série d’idoles bouddhiques en argile, avec leur expression habituelle de bienveillance et de méditation. Derrière, est une fontaine dédiée à quelque divinité et un souterrain où se voient, dans des niches taillées dans le rocher, les images de la déesse compatissante, Kwan-yin (la Kouan-non des Japonais), et de ses deux serviteurs. À une des extrémités de la ville, dans la plaine située au-dessous , est un temple ruiné , bien plus maltraité que son rival de la colline. De chaque côté du Bouddha sont deux rangs de statues d’argile représentant les Dévas de la mythologie hindoue avec leurs noms sanscrits. Là sont Brahma, Indra, Shakra et autres divinités que l’on connaît si bien dans le pays qui s’ennorgueillit de ses trois cent millions de dieux. Ils font partie de l’assemblée qui honore le Bouddha par son attention respectueuse et par ses offrandes de fleurs.

Près de Hoo-chow, ville peu éloignée de là, j’ai visité quelques grands monastères cachés dans les collines, loin de la fréquentation commune des hommes, et bien faits pour ceux qui aiment les vues et les bruits de la campagne. Là sont de paisibles cellules où peuvent se retirer ceux qui souhaitent vivre dans une solitude que rien ne trouble. Du haut de l’une de ces collines, celle de la Pie-Blanche, on a une belle vue du Tae-hoo, le grand lac de Hoochow ; le monastère est environné de bois de bambous et autres arbres. D’une autre colline, on embrasse l’horizon de Hoo-chow et la plaine bien arrosée où se trouve cette ville. La vue s’étend jusqu’à la région montagneuse où les pics du Teen muh-shan et des hauteurs adjacentes s’élèvent à quatre ou cinq mille pieds au-dessus du niveau de la mer.

C’est dans de telles retraites que le mandarin dégoûté des affaires publiques ou le marchand malheureux dans ses spéculations viennent quelquefois finir leurs jours en goûtant le plaisir de la solitude.

Au sud de Ningpo, d’autres régions, plus sauvages que celles-ci, sont devenues l’asile de ces réfugiés des désenchantements du monde. Là, dans des sites horribles et glacés, des milliers de moines bouddhistes sont réunis dans