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FRAGMENTS TRADUITS DU KANDJOUR

l’Amṛta, il ne me dira pas ou quel lieu il l’a découvert. Cette réflexion faite, il dit : Upatiṣya, viens ici ; établissons cette règle : qui que ce soit de nous deux qui obtiendra le premier l’Amṛta, il le fera acquérir aux deux à la fois. — Cette convention faite entre eux deux, ils se mirent à voyager.

4. ÇÂKYA TROUVE L’AMṚTA

Dans le temps où le Bodhisattva, bien qu’âgé seulement de vingt-neuf ans, cessa de jouer avec les désirs sensuels, et après avoir vu un vieillard, un malade et un mort, ressentit une impression telle que, après être parti pour la forêt au milieu de la nuit, il se livra à des austérités pendant six ans, puis reconnut la vanité de ces pratiques, se disant : À quoi bon retenir son souffle ? à quoi bon l’exhaler ? et demanda du grain, des aliments chauds, et toute espèce de nourriture en abondance, oignit son corps d’huile et de beurre fondu, le lava avec de l’eau chaude ; après quoi se rendant à Grong-sde-hdong, il reçut à seize reprises des deux filles d’un villageois, Nandâ et Nandabalâ, une soupe au lait et au miel, et après s’être fait livrer par un marchand d’herbes de bénédiction des herbes semblables à une cendre dorée, au milieu de louanges telles qu’on en avait pas encore entendu de la bouche du roi des serpents Kâla, se dirigea sur Bodhimanda, et après avoir bien disposé ses herbes, assis sur un siège parfaitement tranquille, les jambes croisées, tenant le corps droit, la mémoire à côté de lui, il prononça ces paroles :

Aussi longtemps que je n’aurai pas obtenu l’exemption du péché,
Aussi longtemps je n’abandonnerai pas cette position des jambes croisées.

Telle fut sa pensée et telle fut sa déclaration. Aussi longtemps qu’il n’aurait pas atteint la pureté parfaite, aussi longtemps il ne devait pas abandonner la position assise, les jambes croisées. Telle était la conduite qu’il se proposait de tenir.

Dans le temps où Bhagavat, au milieu de la veille de la nuit, vainquit, par la force de l’amour, le démon entouré d’un cortège de trois cent soixante millions d’êtres, et reçut dans son cœur la science sans supérieure, et où, à l’invitation de Brahma, s’étant rendu à Bénarès, il fit tourner, en la répétant trois fois, la roue de la loi qui contient la loi en douze espèces dis-