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III
SUKARIKA AVADÂNA

De même que le récit précédent, celui que l’on va lire est destiné à faire ressortir la miséricorde et la puissance du Buddha. Il nous montre bien la fragilité de la félicité divine, puisqu’il s’agit d’un dieu déchu condamné à renaître sur terre sous la forme d’un porc. Mais quelle est la cause de cette déchéance ? Comment ce dieu se trouve-t-il sur la terre avant d’avoir pris la forme qu’il y doit revêtir ? On ne nous le fait pas savoir. Nous aurions aussi besoin de quelques explications sur le nouveau coup de théâtre par lequel ce dieu, qui devait être porc et paraît échapper à son malheureux sort, meurt (sans avoir vécu) et renaît dans une nouvelle classe de dieux supérieure à celle où il était d’abord. Malgré tous ces desiderata, le texte donne une idée de l’instabilité de toutes choses et en particulier des hauts et des bas par lesquels les êtres animés sont exposés à passer presque en un clin d’œil.

Le texte sanskrit du Sûkarika Avadâna du Kandjour se trouve dans le recueil intitulé : Divya-Avadâna, ou du moins dans l’un d’eux ; car il existe à notre connaissance deux recueils de ce nom qui ne sont pas composés de la même manière, quoique formés presque totalement l’un et l’autre d’éléments identiques : ce sont les numéros 97 et 98 du fonds Burnouf à la Bibliothèque nationale. C’est dans le numéro 97 que se trouve le Sûkarika Avadâna ; il en forme la quatorzième section. La version tibétaine du Kandjour répond parfaitement à ce texte dont elle est visiblement le traduction.