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fragments traduits du kandjour

Il existe une autre rédaction sanskrite de ce même texte, dans un autre recueil, le Ratna-Avadâna-Mâla, dont elle forme la sixième section. Tous les récits du Ratna-Avadâna-Mâlâ sont versifiés et apparaissent comme des paraphrases, des amplifications, au fond très exactes, mais très développées dans la forme, des récits en prose qui se trouvent dans d’autres recueils. C’est précisément le cas pour le texte dont nous parlons ; il est aisé de reconnaître que le Sûkarika du Ratna-Avadâna-Mâlâ est une amplification de celui du Divya-Avadâna.

Voici la traduction de la version du Divya-Avadâna, reproduite en tibétain dans le Kandjour.


Mdo XI 3 (Folio 427-430). —

En langue de l’Inde : Sûkarika avadâna. — En langue de Bod : Phag-mai-rtogs-pa brjod-pa. — (En français :) Légende de la truie.

[Voici le discours que j’ai entendu une fois ; Bhagavat résidait à Çrâvastî, à Jetavana, dans le jardin d’Anâthapiṇḍada. Ensuite Bhagavat parla ainsi aux Bhixus : Bhixus ![1]].

[C’est une loi que] cinq signes précurseurs se manifestent chez un fils de dieu assujetti à changer d’existence. Ses vêtements non froissés se froissent ; ses guirlandes non flétries se flétrissent ; une mauvaise odeur s’échappe de son corps ; une sueur se produit aux deux aisselles ; le fils de dieu assujetti à changer d’existence ne peut se tenir solidement sur son siège.

Or, un fils de dieu assujetti à changer d’existence se trouvait sur la terre et s’y agitait, disant : « Ah ! le Gange céleste ! Ah ! l’étang ! Ah ! la pièce d’eau ! Ah ! le jardin de Kuvera ! Ah ! le bosquet d’Indra ! Ah ! le bois de Nandana ! Ah ! le paradis d’Indra ! Ah ! le (mont) Paripâtraka ! Ah ! le rocher de la pierre jaune (Pâṇḍukambala) ! Ah ! la réunion des dieux ! Ah ! Bellevue (Sudarçana, la cité d’Indra) ! » — C’est en ces termes qu’il se lamentait pitoyablement.

Çakra, le roi des dieux, vit ce fils de dieu qui se trouvait sur la terre et s’y agitait extrêmement. À cette vue, il se dirigea vers l’endroit où était

  1. Ce début ne se trouve que dans la version tibétaine du Kandjour.