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LALITA VISTARA. — CHAPITRE VII

nements, de vêtements, tombèrent en profusion, comme la pluie, et tous les êtres furent remplis de la plus grande joie. Telles furent, en abrégé, les choses qui s’accomplirent lorsque le Bôdhisttava, bien élevé au-dessus de tous les mondes, naquit en ce monde.

Alors, Âyouchmat Ânanda s’étant levé de son siége, ayant rejeté son manteau sur une épaule et mis le genou droit à terre, s’inclina du côté où était Bhagavat, enjoignant les mains, et lui dit : Le bienheureux Tathâgata a été un sujet d’étonnement pour tous les êtres. Le Bôdhisattva lui-même est en possession d’une loi merveilleuse. Que dire de plus, quand il est ainsi revêtu de la qualité sans supérieure d’un Bouddha parfait et accompli ?

Et moi, ô Bhagavat, jusqu’à quatre fois, jusqu’à cinq fois, jusqu’à dix fois, jusqu’à cinquante fois, jusqu’à plusieurs centaines de mille fois, je vais eu refuge vers le Bouddha Bhagavat ?

Après qu’Ayouchmat Ananda eut parlé ainsi, Bhagavat lui dit : Il y aura certainement, Ananda, dans un temps à venir, plusieurs Religieux aux corps inimaginables, à l’esprit inimaginable, à la conduite inimaginable, à la science inimaginable, ignorants, inhabiles, extrêmement fiers, orgueilleux, arrogants, sans frein, à l’esprit dissipé, remplis de convoitise, ayant beaucoup de doutes, sans foi, faisant tache au milieu des Çramanas, ayant une conduite opposée à celle des Çramanas, qui ne croiront pas qu’une pareille descente du Bôdhisattva dans le sein de sa mère est parfaitement pure. S’étant rassemblés d’un seul côté, ils se diront l’un à l’outre : Voyez donc cette chose sans dignité : pour le Bôdhisattva entré dans le sein de sa mère, et mêlé à un amas d’excréments, il y a eu un pareil pouvoir surnaturel ? et en sortant vraiment par le flanc droit de sa mère, il n’a pas été souillé par la tache du sein maternel. Comment cela est-il digne ? Et ces hommes do ténèbres ne reconnaitront pas que, pour les êtres qui ont fait de bonnes œuvres, le corps ne participe pas à un amas d’excréments impurs. Excellents, au contraire, sont l’entrée de tels êtres dans le sein d’une mère et le séjour qu’ils y font, car c’est par commisération pour les êtres qu’un Bôdhisattva naît dans le monde des hommes, car s’il est dieu, il ne fait pas tourner la roue de la loi. Et à cause de cela, Ananda, comment les êtres ne tomberaient-ils pas dans le découragement ? (Ils diraient) : Bhagavat Tathâgata Arhat est véritablement Bouddha parfait et accompli ; mais nous, n’étant que des hommes, nous sommes