Page:Annales du Musée Guimet, tome 6.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
91
LALITA VISTARA. — CHAPITRE VII

Huit nourrices pour le porter (sur les bras), huit pour l’allaiter, huit pour le laver et huit pour le faire jouer.

Ensuite le roi Çouddhôdana ayant convoqué l’assemblée entière des Çâkyas fit cette question : Ce jeune prince sera-t-il roi Tchakravartin ou bien sortira-t-il de la maison pour être religieux errant ?

En ce temps-là, sur le flanc de l’Himavat, le roi des montagnes, un grand Rïchi nommé Asita, possédant les cinq sciences transcendantes, demeurait avec Naradatta, le fils de sa sœur. Il vit, juste au moment de la naissance du Bôdhisattva, les nombreux phénomènes surnaturels, et, dans l’étendue du ciel, les fils des dieux faisant entendre le nom de Bouddha, agitant des vêtements de côté et d’autre, et allant d’une place à l’autre, tout joyeux. Il lui vint à la pensée : Il faut que je voie en détail tout cela. Avec son œil divin, il examina attentivement tout le Djamboudvîpa, et aperçut, dans la grande ville appelée Kapila, dans la demeure du roi Çouddhôdana, le jeune prince qui était né, brillant de l’éclat de cent mérites, glorifié par le monde entier, ayant le corps bien orné des trente-deux signes du grand homme.

Et, après l’avoir vu, il s’adressa de nouveau à Naradatta, le fils d’un Brahmane : Sache-le bien, fils de Brahmane, dans le Djamboudvîpa un grand joyau est apparu. À Kapilavastou, la grande ville, dans la demeure du roi, un jeune prince est né, brillant de l’éclat de cent mérites, glorifié par le monde entier, doué de l’éclat des trente-deux signes du grand homme.

S’il reste à la maison, il sera roi Tchakravartin ayant une armée de quatre corps de troupes, victorieux, attaché à la loi, roi de la loi, disposant de la force et du courage de ses sujets, en possession des sept joyaux, qui sont : le joyau de la roue, le joyau de l’éléphant, le joyau de la pierre mani, le joyau de la femme, le joyau du maître de maison, le joyau du conseiller. Il aura un millier de fils héroïques, courageux, beaux et bien faits, vainqueurs des armées ennemies. Ce cercle delà grande terre, qui a pour limite l’Océan, sans employer le châtiment ni les armes, après l’avoir soumis par sa loi et sa force, il exercera la royauté avec l’autorité de sa toute-puissance. Mais si, sortant de la maison, il s’en va errer en religieux sans asile, il sera Tathâgata Arhat véritablement Bouddha parfait et accompli ; Bouddha parfait, instituteur que nul ne guide dans le monde. Allons donc tous les deux le voir.

Après avoir parlé ainsi, Asita le Grand Rîchi avec Naradatta le fils de sa