Page:Annales du Musée Guimet, tome 6.djvu/210

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CHAPITRE XIV

Ainsi donc, Religieux, pendant que le Bôdhisattva était exhorté par le fils d'un dieu, voici ce qu'il fit voir en songe au roi Çouddhôdana. Le roi Çouddhôdana endormi vit en rêvant le Bôdhisattva qui, pendant la nuit tranquille, sortait de la maison entouré d'une troupe de dieux ; et il le vit qui, après en être sorti, se faisait religieux errant, revêtu d'un vêtement rougeâtre. S'étant éveillé, vite, vite, il interrogea un eunuque : Mon jeune prince est-il dans l'appartement des femmes ?

Celui-ci répondit : Il y est, sire.

Ensuite, quand le roi Gouddhôdana fut dans l'appartement des femmes, la flèche du chagrin lui outra dans le cœur. « Il sortira de la maison, certainement, le jeune prince, puisque ces signes précurseurs sont aperçus ? » Et il pensa encore : Non, jamais, la terre du jardin de plaisance ne doit être visitée par le jeune prince ! Bien réjoui au milieu de la troupe des femmes, il se plaira ici même et ne sortira pas de la famille.

Alors le roi Çouddhôdana fit bâtir, pour que le Bôdhisattva en eut la jouissance, trois palais appropriés aux saisons de l'été, des pluies et de l'hiver, celui de l'été était seulement frais, celui de la saison pluvieuse avait les avantages communs (aux deux autres), celui de l'hiver était de nature chaude. Sur les escaliers de chacun de ces palais étaient montés et établis cinq cents hommes. Et le bruit de ces hommes ainsi montés et établis, était entendu à un demi Yôdjana. Le jeune prince ne sortira pas de la maison sans être aperçu, se disait-on.