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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XVI

le vase aux aumônes, j’entrai dans la grande ville de Ràdjagrîha, par la porte des eaux chaudes, pour demander l’aumône. Avec une belle démarche en avançant ou en reculant, en regardant à droite et à gauche, en me ramassant sur moi-même, et en m’étendant, avec une belle démarche, en portant le manteau léger, le manteau vêtement de religieux et le vase aux aumônes ; avec des sens non agités, un esprit qui ne va pas au dehors, comme il convient à un homme transformé, comme celui qui porte un vase d’huile, et ne regardant pas au delà de la longueur d’un joug.

Les habitants de Ràdjagrîha m’ayant vu, furent remplis d’étonnement. Quel est donc celui-ci ? Serait-ce Brahmâ ? Çakra, le maître des dieux ? ou bien Vâiçravana, ou bien quelque divinité de la montagne ? Telle était leur pensée.

Ici il est dit ;


1. Possédant un éclat infini et sans tache, le Bôdhisattva lui-même se fait ici religieux errant. L’esprit apaisé, la conduite bien réglée, il demeure sur le flanc de Pândava, le roi des monts.

2. Le Bôdhisattva voyant que la nuit était passée, ayant revêtu le vêtement le plus beau à voir, après avoir pris le vase aux aumônes, avec un esprit humble il entra à Ràdjagrîha pour l’aumône.

3. Lui qui est comme l’or natif formé d’éléments purs, armé des trente-deux signes, les troupes d’hommes et de femmes le regardent, et il n’y en a pas qui se rassasie de le voir.

4. Après avoir purifié la rue ornée de vêtements précieux et de grains, la foule va derrière lui. Quel est cet être, tel qu’on n’en avait jamais vu auparavant, par la splendeur duquel la ville resplendit tout entière !

5. Des milliers de femmes montées sur les maisons ou remplissant les portes, les fenêtres et la rue, après avoir laissé leurs maisons vides, regardent le plus éminent des hommes, sans désirer autre chose.

6. On ne fait plus ni achat ni vente, ou ne boit plus de liqueur enivrante, et l’on ne se réjouit plus dans les maisons ni dans la rue, occupé que l’on est à regarder le plus éminent des hommes.

7. Un homme étant allé à la hâte au palais, joyeux, dit au roi : Sire, le plus grand des avantages a été obtenu par vous. Brahmâ lui-même, ici, dans la ville s’en va demander l’aumône.

8. Quelques-uns ont dit : C’est Çakra le roi des dieux ; d’autres disent : C’est Souyama le fils d’un dieu, ou bien c’est un dieu Santouchita déguisé. D’autres disent : C’est un dieu d’entre les Sounirmitas.

9. Quelques-uns encore disent : C’est Tchandra ou Soûrya, ou bien c’est Kàhou, Bâli ou Vomatchilri. Quelques-uns enfin disent ces paroles : C’est celui qui demeure sur le Pândava, le roi des monts.