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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

10. Le roi, rempli de la plus grande joie, après avoir entendu ce discours, se tenant à un œil-de-bœuf, regarde l’être par excellence, le Bôdhisattva brillant par sa splendeur comme l’or le plus pur.

11. Le roi Vimbasàra, après lui avoir donné une aumône, dit à l’homme (qui l’avait averti) : Regarde bien où il va. Celui-ci après avoir regardé, eu se dirigeant vers le meilleur des monts, dit : Sire, il est allé sur le penchant du mont.

12. Le roi Vimbasàra ayant vu que la nuit était passée, s’en alla, entouré d’une grande foule, au pied du Pàndava, le roi des monts, et vit ce mont resplendissant de lumière.

13. Après être descendu de son char, il marche à pied, et, rempli du plus profond respect, il considère le Bôdhisattva. Inébranlable comme le mont Mêrou, après avoir étendu des touffes de gazon, il s’est assis, le Seigneur des hommes.

14. Le roi, après avoir salué ses pieds avec la tête et l’avoir entretenu de divers sujets, lui dit : Je te donne la moitié de mon royaume, jouis ici des qualités du désir, ne t’en va pas errer !

15. Le Bôdhisattva répond d’une voix douce : Seigneur de la terre, puisses-tu vivre longtemps ! Moi-même, après avoir abandonné un royaume désirable, j’ai, indifférent, embrassé la vie religieuse, en vue du calme.

16. — En possession de la fleur de la jeunesse brillant par la belle couleur de ton corps, tu es plein d’ardeur ; accepte une richesse abondante et une réunion de femmes ; reste ici dans mon royaume ; jouis des objets du désir !

17. Je ressens la joie la plus vive de t’avoir vu, dit encore le roi de Magadha au Bôdhisattva. Sois donc mon compagnon ; Je te donnerai tout un royaume florissant ; jouis des objets du désir.

18. Ne demeure plus dans la forêt déserte, ne reste plus sur la terre recouverte de gazons. Quand ton corps est dans la plus belle fleur de la jeunesse, demeure ici dans mon royaume, jouis des objets du désir.

19. Le Bôdhisattva, compatissant et secourable, lui répond d’une voix douce par ces paroles bienveillantes et sans détour : Que la bénédiction, ô protecteur de la terre, soit toujours avec toi ! Quant à moi, je ne suis plus sollicité par les qualités du désir.

20. Les désirs sont pareils au poison, amenant des péchés sans tin. Les êtres précipités dans l’enfer, les Prêtas et ceux qui sont à l’état de bête, sont méprisés par les sages, car les désirs sont indignes d’estime, ils ont été abandonnés par moi comme un grumeau de flegme desséché.

21. Les désirs tombent comme les fruits des arbres ; ils courent comme les nuages pluvieux dans le ciel ; changeants et inconstants comme le vent, ils sont trompeurs et destructeurs de tout ce qui est bon.

22. Ceux qui n’ont pas obtenu l’objet de leurs désirs, so.it brûlés et de même ceux qui l’ont obtenu ne trouvent pas le contentement. Quand ils naissent sans qu’on en soit maître, les désirs violents produisent alors une grande douleur.

23. Les désirs, ô protecteur de la terre, qu’ils soient divins ou humains, même louables, quand même un seul homme les satisferait tous, il n’en obtiendrait pas plus pour cela une satisfaction complète.