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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XVI

24. Mais ceux, ô protecteur de la terre, qui sont calmes et retenus, qui ont la pensée remplie de la loi vénérable et sans défaut, qui sont satisfaits (parce qu’ils sont) instruits par la sagesse, ceux-là sont rassasiés, et il n’y a plus pour eux aucune satisfaction dans les qualités du désir.

25. Pour ceux, ô protecteur de la terre, qui caressent leur désir, il n’y a pas de fin pour ce qui est composé antérieurement. Car, comme un homme qui a bu de l’eau salée augmente sa soif, il en est de même pour qui caresse ses désirs.

26. Et aussi, ô protecteur de la terre, regarde ce corps, instable, sans essence et machine de douleur, dégouttant toujours par neuf portes impures. Il n’y a plus en moi, ô maître des hommes, aucun élan de désir.

27. Moi aussi, après avoir abandonné bien des objets désirables, ainsi que des milliers de femmes agréables à voir, dégoûté des choses de ce monde, je me suis éloigné, dans le désir d’obtenir l’Intelligence suprême, la plus grande des félicités !

28. Le roi dit : Quel est le pays d’où tu es venu, ô religieux mendiant ? Où es-tu né ? Où est ton père ? Où est ta mère ? Es-tu Kchatriya ou Brahmane ou roi ? Parle, ô religieux, pour qui la sagesse n’est pas un fardeau.

29. Le Bôdhisattva dit : Tu as entendu parler ô protecteur de la terre, de la ville de Kapila des Çâkyas, riche et florissante entre toutes ; le nom de mon père est Çouddhodana. C’est là que je me suis fait religieux errant, dans le désir (d’acquérir) des qualités.

30. Le roi dit : Bonheur à toi ! t’avoir vu est une heureuse vue. Quelle que soit ta naissance, nous sommes disciples de ton père. Sois donc bienveillant pour moi. C’est de bon cœur qu’il est invité celui qui est délivré de l’entraînement de la passion.

31. Quand par toi sera obtenue l’Intelligence, qu’il y ait pour moi une part (de la loi) ô maître de la loi. C’est déjà pour moi le plus grand des profits que tu demeures ici dans mon royaume, être existant par toi-même !

32. Et ayant de nouveau salué les pieds (du Bôdhisattva) et tourné trois fois autour de lui en présentant le côté droit, le roi entouré de ses gens rentra à Ràdjagrïha.

33. Le protecteur du monde, après être entré dans la ville de Magadha, après y avoir demeuré autant qu’il lui plut, lui qui a un esprit apaisé ; après avoir fait les affaires des dieux et des hommes, s’en alla sur le bord de la Nâirajñanâ.


Chapitre appelé : Visite de Bimbasâra, le seizième.