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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XVIII

elle aperçut le Bôdhisattva. De même en se dirigeant vers le sud, le couchant et le nord, ici où là, elle aperçut toujours le Bôdhisattva. En ce moment, en effet, tous les Tîrthikas opposants avaient été retenus par les fils des dieux Çouddhâvâsakâyikas, et pas un seul ne paraissait. Alors celle-ci s’en retourna et dit à sa maîtresse : En vérité, mademoiselle, on ne voit ni Çramana ni Brahmane ; de quelque côté que j’aille, par ici ou par là, c’est toujours le beau Çramana que je vois.

Soudjàtâ dit : C’est lui-même qui est le Çramana pour lequel ceci a été préparé ; amène-le donc. — C’est bien ! Mademoiselle. Et. après avoir parlé ainsi, Outtarà étant allée auprès du Bôdhisattva, se mit à ses pieds et l’invita au nom de Soudjàtâ.

Ensuite, Religieux, le Bôdhisattva étant allé à la demeure de Soudjàtâ, la fille du chef de village, il s’assit sur le siège qui lui était préparé. Alors, Religieux, Soudjàtâ, la fille du chef de village offrit au Bôdhisattva le vase d’or rempli de la soupe de lait au miel. En ce moment, le Bôdhisattva pensa : Puisqu’une pareille nourriture m’est offerte par Soudjàtâ, sans nul doute, après l’avoir prise aujourd’hui je me revêtirai de l’Intelligence parfaite, accomplie et sans supérieure d’un Bouddha.

Cependant le Bôdhisattva, prenant cette nourriture, dit à Soudjàtâ, la fille du chef de village : Ma sœur, que faut-il faire de ce vase d’or ? Celle-ci dit : il est à toi.

Le Bôdhisattva dit : Je n’ai pas besoin d’un pareil vase.

Soudjàtâ dit : Fais-en ce qu’il te plaira, je ne donne à personne la nourriture sans le vase.

Alors le Bôdhisattva, emportant ce vase aux aumônes, étant sorti d’Ourouvilva et étant arrivé, dans la matinée, auprès de la Nâirañjanâ, la rivière des Nâgas, après avoir déposé, d’un côté, le vase aux aumônes et ses vêtements, entra dans la rivière pour raffraîchir ses membres.

Et, Religieux, pendant que le Bôdhisattva se baignait, plusieurs centaines de mille de fils des dieux remplissaient la rivière d’onguents et de poudres de sandal et d’aloès, et jetaient dans l’eau dos fleurs divines de différentes couleurs, en vue de rendre hommage au Bôdhisattva.

Et, en ce moment, la rivière Nâirañjanâ était toute remplie de fleurs et de parfums divins. Et des milliers de Niyoutas de Kôjis de dieux ayant recueilli