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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXI

moi comme tels. J’abandonne la société d’une foule Je femmes dont la qualité est d’entrainer !

128. Celles-ci, avec plusieurs centaines de mille de manœuvres féminines, ne purent séduire le roi des Sougatas qui a la démarche d’un jeune éléphant. Honteuses, et, à l’endroit même, tombées aux pieds du Mouni, devenues respectueuses, joyeuses et douces, elles louèrent celui qui vient en aide (au monde).

129. Toi qui es semblable au calice sans tache du lotus, qui as le visage pareil à la lune d’automne, qui égales en éclat la flamme de l’offrande de beurre clarifié, qui es pareil à une montagne d’or, que tes desseins et ta prière s’accomplissent, toi qui as traversé des centaines d’existences ; délivre-toi toi-même ainsi que ce monde enveloppé de misères !

130. Celles-ci, après avoir loué de bien des manières celui qui est semblable au Karnikâra et au Tchampaka, et avoir tourné trois fois en présentant le côté droit autour de celui qui est inébranlable comme une montagne, s’en étant retournées et ayant salué avec la tête les pieds de leur père, lui dirent ces paroles : Il n’existe, ô père, ni crainte ni colère chez le précepteur des immortels et des hommes.

131. Il regarde avec un visage riant, avec un œil pareil au pétale du lotus ; il ne regarde les créatures ni avec amour ni avec le sourcil froncé. Le Mêrou serait ébranlé, la mer serait desséchée, le soleil et la lune tomberaient, et celui qui voit les péchés des trois mondes ne tomberait pas au pouvoir des femmes !

Cependant le démon Pâpîyân ayant entendu ce discours, fut accablé du plus grand chagrin et, le cœur triste, abattu, plein de fiel, parla ainsi à ses filles : Eh quoi ! Il n’est pas possible de l’éloigner de Bôdhimanda ? Il n’est donc pas fou, mais sage, s’il ne regarde pas la perfection de votre beauté.

Alors les filles du démon adressèrent ces Gâthâs à leur père :

132. Il parle un langage doux et gracieux et n’a point de passion ; il voit ce qu’il y a de plus caché et n’a point de fiel ; il considère la voie honorable et n’a point de folie ; il estime à leur valeur tous les corps, lui qui a une pensée très profonde.

133. Sans aucun doute, les péchés des femmes lui sont connus comme très nombreux ; son esprit complètement délivré des désirs n’est point ému par la passion. Celui-là n’existe pas dans le ciel ni ici-bas sur la terre, dieu ou homme, qui pourrait connaître sa pensée et sa conduite.

134. La magie des femmes qui lui a été montrée ici, opère ; ce qui, accompagné de passion, aurait dû lui amollir le cœur, après l’avoir vu, sa pensée n’a pas chancelé même un instant, domine le roi des monts, il demeure inébranlable.

135. Rempli de l’éclat de cent vertus, plein de l’éclat des austérités, il a pratiqué les bonnes œuvres et les austérités pendant plusieurs Kalpas. Brahmâ, les dieux et les êtres les plus purs qui ont l’éclat des bonnes œuvres, tombés à ses pieds, le saluent avec la tête.