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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXV

pour moi de la fatigue et un inutile effort ; je resterai donc silencieux dans mon peu d’empressement. Et en ce moment il récita ces Gâthâs :

1. Profonde, calme, exempte de trouble, lumineuse est la loi obtenue par moi, car elle est immortelle et affranchie des opérations de l’esprit. Et si je l’enseignais, elle ne pourrait être connue par un autre. Certainement il faut que je demeure silencieux dans la forêt.

2. La voix étant supprimée, le chemin de la parole est immaculé ; tel le ciel, telle est, par sa nature, la loi. Bien affranchi des doutes de l’esprit et du cœur, ce qu’il y a de merveilleux par excellence et supérieur, je le connais.

3. Et ce n’est pas avec des lettres que cela peut être compris. Les êtres qui ont rendu leurs devoirs aux précédents Djinas, ceux-là, après l’avoir entendu, y ont foi.

4. Et il n’y a, ici-bas, aucune condition (dharma) ; et celui-là n’est pas pour lequel l’existence n’est pas. Pour qui connaît la cause et l’action successives, il n’y a pas, ici-bas, d’existence qui soit ou ne soit pas.

5. Pendant des centaines de mille de Kalpas incommensurables, j’ai vécu auprès de précédents Djinas, et elle n’a pas été obtenue par moi cette patience, là où il n’y avait ni soi, ni être, ni vie.

6. Quand par moi est obtenue cette patience, personne ici-bas ne meurt ai nouait ; de nature inconsciente étaient toutes les substances, c’est alors que me prophétisa le Bouddha Dipangkara.

7. Ma miséricorde est infinie pour le monde tout entier et je n’attends pas pour satisfaire le désir des autres. Cette multitude ayant foi en Brahmâ, qu’il vienne donc en maître tourner la roue de la loi !

8. Et, de cette manière, cotte loi à moi sera comprise. Si Brahmâ tombé à mes pieds implorait (en disant) : Enseigne la loi exempte du trouble et qui satisfait ; les êtres sont en bonne disposition et désirent la connaître !

Ainsi, Religieux, de la touffe de poils du milieu de ses sourcils, le Tathâgata fit jaillir un rayon de lumière ; et par ce rayon, l’étendue des trois mille grands mille mondes fut remplie d’une grande clarté couleur d’or.

Ensuite le grand Brahmâ qui a une crête de cheveux, ayant, par la puissance même du Bouddha, connu, par la pensée, l’hésitation de l’esprit du Tathâgata, et que Bhagavat, dans son peu d’empressement, inclinait à ne pas enseigner la loi, se mit à penser : Moi-même, m’étant approché du Tathâgata, il faut que je le prie de tourner la roue de la loi.

Alors, Religieux, le grand Brahmâ qui porte une crête de cheveux, s’adressa aux autres fils des dieux Brahmakâyikas : Il est perdu, mes amis, ce monde ; il est complètement perdu ! Car le Tathâgata, après s’être revêtu de la qualité