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LALITA VISTARA. — CHAPITRE I.

les hommes, après les avoir bien connus par lui-même, les avoir compris, les avoir préparés, il est demeuré et a enseigné la bonne loi qui, au commencement est celle de la vertu, au milieu celle de la vertu, à la fin celle de la vertu, au sens excellent, aux belles expressions, sans mélange, accomplie, vraiment pure, vraiment blanche, gardant la chasteté ; telle est la loi qu’il a enseignée.

En ce temps-là Bhagavat fut plongé dans la méditation appelée : Bouddhâlangkâravyoûha (arrangement des ornements du Bouddha), et à peine y fut il plongé que, du sommet de sa tête, par les interstices de l’excroissance qui la couronne, sortit le rayon appelé : Poûrva-bouddha-anoupasmrityasanga-âdjnâna-âlôka-alangkâra (ornement lumineux de la science sans passion qui rappelle le souvenir des Bouddhas antérieurs). Ce rayon ayant éclairé toutes les demeures des dieux Çouddhâvâsas, excita les innombrables fils des dieux ayant à leur tête Mahêçvara, le fils d’un dieu. Puis les réseaux du rayon du Tathâgata firent entendre ces stances (gâthâs) d’exhortation :

1. Venez vous joindre à celui qui produit la bonne lumière qui détruit les ténèbres, qui a une belle lumière, une splendeur excellente, belle et sans tache ; qui a le corps bien apaisé, l’esprit pur et apaisé, au Mouni Çâkya Śinha :

2. L’océan de science, pur, à la grande force, seigneur de la loi, sachant tout, maître des Mounis, dieu au-dessus des dieux, digne des hommages des hommes et des dieux, existant par lui-même dans la loi et exerçant l’empire ; ayez recours à lui.

3. Qui s’est rendu maître de son esprit difficile à dompter, qui a l’esprit complètement délivré des pièges du démon, dont la vue et l’ouïe ne sont pas inutiles ici-bas, qui va vers la rive paisible de la délivrance :

4. Qui s’est manifesté dans la loi sans égale, qui dissipe les ténèbres, qui enseigne la bonne règle, le Bouddha qui fait des actions calmes, a l’intelligence incommensurable ; avec dévotion, tous approchez-vous !

5. C’est le roi des médecins, dispensateur du remède de l’amrita ; c’est le héros des orateurs, le destructeur des troupes des méchants, l’ami de la bonne loi, connaissant bien le meilleur sens : c’est le guide qui montre la route sans supérieure.

Aussitôt qu’ils eurent été touchés par ces rayons lumineux de la science sans passion, qui produit le souvenir des Bouddhas antérieurs, ces fils des dieux Çoudhâvâsakâyikas, aussitôt qu’ils eurent été exhortés par des Gâthâs (stances) telles que celles-ci, étant sortis parfaitement calmes de la méditation, ils se rappelèrent, par la puissance du Bouddha, les Bouddhas Bhagavats