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Page:Annales du Musée Guimet, tome 7.djvu/178

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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

L’année nommée Sāvana a 360 jours[1].

    jamais inventé et adopté l’année lunaire avec toutes les additions et les réductions qu’elle exige pour concorder avec les saisons.

    De ce qui précède, de ce que nous avons dit dans la note 20, étant donné la répugnance jalouse avec laquelle nous voyons les Indous accueillir tout ce qui est étranger à leur pays, et, malgré leur connaissance de l’année solaire et la nécessité où ils se sont trouvés de l’adopter pour faire concorder leur année lunaire avec les saisons, le soin avec lequel ils ont conservé et continué d’employer cette année lunaire, on ne peut douter que l’année solaire ait été importée de l’Occident dans l’Inde, même s’il n’était pas passible de prouver par l’histoire du zodiaque et des astérismes lunaires, ainsi que Lassen l’a fait d’une façon si incontestable, que la science indoue de l’astronomie exacte fut postérieure et dérivée des connaissances des Babyloniens et des Grecs.

  1. Quelques auteurs ont supposé que cette année Sāvana de 360 jours terrestres (un jour terrestre étant le temps qui s’écoule entre deux levers du soleil) n’a jamais été que l’année fictive employée seulement par les astronomes indous, dans laquelle un jour correspondait à un degré de l’écliptique, une ghaṭika à une minute et un pala à une seconde (voir note 31), mais qu’elle ne fut jamais en usage chez aucune nation parce qu’elle aurait bientôt cessé de correspondre avec les saisons. Deux faits, cependant, infirment cette hypothèse : 1° les plus anciens rites des Indous, tels que, par exemple, les trois cérémonies religieuses de chaque jour, et d’autres encore, sont positivement liés aux jours terrestres et non aux Tithis, ou dates, d’où dépendent tous les autres rites plus modernes ; 2° cette même année de Sāvana de trois cent soixante jours est encore aujourd’hui la seule exclusivement en usage chez les Parsis Zend-Avestiqnes. Ils l’apportèrent de la Perse à l’époque de leur émigration dans l’Inde et, toutes leurs cérémonies religieuses étant basées sur cette année, ils l’ont soigneusement conservée jusqu’à présent en dépit de toutes les influences contraires. Elle compte douze mois de trente jours terrestres qui ne se subdivisent pas en semaines, division qui leur est absolument inconnue. Chaque jour porte un nom différent. Dans leur calendrier actuel, ils font concorder cette année Sāvana avec l’année solaire par l’intercalation à la fin de l’année de cinq jours qui n’ont ni nom, ni date et qu’ils « négligent », suivant leur expression. Ce n’est que par une étude minutieuse de leur calendrier et des documents de leurs temples pendant toute la durée de leur ère, qui date aujourd’hui 1249, qu’on peut déterminer à quelle époque eut lieu la première intercalation des cinq jours, c’est-à-dire, à quelle époque ils eurent connaissance du cours des solstices. Ils n’ont aucune idée des cinq heures 56 minutes complémentaires de ces cinq jours, de sorte que, si l’intercalation avait commencé dès la première année de leur ère, leur année aurait passé par toutes les saisons annuelles. Les prêtres, dépositaires de la science astronomique et chargés de la responsabilité du calendrier, puisque les jours sont intimement liés à leurs cérémonies religieuses, ont déclaré que ces cinq jours étaient sacrés et absolument à part.

    Voici les noms des douze mois : Pharvardin, Ardibes, Khordad, Tir, Amardad, Sarévar, Mer, A’vā, A’dar, Dé, Daman, Aspandad.

    Les trente jours portent les noms suivants : Ormusd, Baman, Ardibes, Sarévar, Aspandad, Khordad, Amardad, Dépādar, A’dar, A’vā, Khorsad, Mer, Tir, Gos, Dakmer, Mer, Saros, Rastnā, Pharvardin, Bérām, Rām, Guvad, Dep in, Din, Asisan, Astad, Asman, Jemiad, Marespan, Anderām. Il est intéressant de constater que tous les noms de mois reparaissent dans leur forme simple comme noms des jours, à l’exception de Dé qui devient Dépādar. Il m’est impossible de dire quel est le sens de ces noms et s’ils ont par leur signification quelque ressemblance avec les noms de mois et de jour des autres nations. Il est curieux à constater que la même année solaire de trois cent soixante jours avec cinq jours épagomènes a aussi été en usage non seulement chez les anciens Égyptiens, mais aussi chez les Mexicains et les Péruviens ; en effet, les auteurs Espagnols qui ont décrit les mœurs et les usages religieux de ces peuples au temps de la découverte et de la conquête du Nouveau-Monde, rapportent que leur année était solaire, et se composait de trois cent soixante jours avec une intercalation annuelle de cinq jours. Laplace, qui décrit avec beaucoup de détails dans son « Système du Monde » l’année Mexicaine et Péruvienne, dit que ces peuples, n’ayant eu par eux-mêmes aucune connaissance du cours du soleil et ne possédant aucun traité écrit des phénomènes célestes indispensables pour cette computation, doivent avoir reçu leur année solaire de l’Asie septentrionale ; cependant, il paraît embarrassé pour expliquer comment cette année de trois cent soixante jours et cinq jours complémentaires a pu leur arriver de l’Asie où aucune année de ce genre n’a jamais été en usage. S’il avait connu le fait que nous venons de mentionner relativement à l’an-