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Page:Annales du Musée Guimet, tome 7.djvu/180

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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

commence lorsque le soleil entre dans le Capricorne et se compte pendant son passage dans les six (autres) signes.

Il y a aussi deux sortes de saisons : La saison solaire et la saison lunaire. Commençant dans les Poissons ou dans le Bélier, le passage du soleil dans chaque deux signes fait chaque fois une des six saisons (solaires) appelées Vasanta[1], etc. Commençant avec le mois Ćaitra, il y a six saisons lunaires, chacune de deux mois, et appelées (aussi) Vasanta, etc.

La saison lunaire dans laquelle se présente un mois intercalaire se compose d’un peu moins de 90 jours. Dans la déclaration des actes religieux célébrés, soit d’après le Rituel nommé Révélation, soit d’après celui qu’on appelle Tradition[2], c’est excellent de se rappeler (et de prononcer) les noms des saisons lunaires (voir note 27).

  1. Les six saisons sont : Vasanta (printemps), Grishma (saison chaude), Varsha (mousson) Sarad (automne), Hémanta (saison froide), et Shishira (saison fraîche). Le printemps commence à la fin de mars ou aux premiers jours d’avril.
  2. Je traduis par Révélation et Tradition les deux mois Shruti et Smriti. Shruti veut dire « ce qui est entendu », particulièrement les Écritures appelées Védas que les anciens Sages ont entendues de la bouche même de Brahma. Smriti signifie « ce qui est rappelé, ce qui est agité dans l’esprit, commenté », et s’applique à la littérature religieuse et à tous les commentaires relatifs aux Védas, tels que les Kalpasûtras, le Sikshâ, les Chandas, le Nirukta, le Vyâkarana, le Jyotisha, les Grihasûtras, les Sâmayâcharikasûtras, les Dharmashâstras, les Itihâsas, les Purânas, et autres ouvrages, dont quelques-uns sont non-védiques et cependant considérés comme vérité révélée. Les expressions de notre texte Shrauta et Smarta signifient donc des actes accomplis conformément à Shruti et Smriti, mais surtout les deux espèces de feu sacré employées pour l’holocauste quotidien et les autres, que le brahmane entretient dans la Chambre sacrée du feu construite et consacrée dans ce Lut.

    Le Shrauta est l’holocauste védique. Il n’est pas généralement célébré maintenant, sauf par un petit nombre de brahmanes de Bénarès et d’autres lieux saints. Il doit se composer de trois feux qu’un brahmane Maître de maison entretient sur trois autels séparés disposés en demi-cercle. Le brahmane se tourne vers l’Orient et fait quelques pas suivi de sa femme. Il a en face de lui, à l’Orient, le feu appelé Ahavania qui est consacré à Vishnu ; à sa droite, dans la direction du sud, le feu Dakshina dédié à Brahma ; à sa gauche, c’est-à-dire au nord, se trouve le feu Garliapatyas consacré à Shiva. Alors le Maître de maison jette peu à peu dans le feu, en prononçant les incantations obligatoires, des branches de ficus religiosa, des brins de kusha, ou d’autres herbes sacrées, du beurre clarifie, des grains de riz et de sésame ; pendant ce temps, sa femme tient continuellement sa main droite posée sur le bras droit de son mari comme symbole de leur union. Le Maître de maison ne peut accomplir ce rite que lorsqu’il est assisté par sa femme. S’il est veuf, il doit renoncer à son droit et laisser célébrer le sacrifice à un de ses fils marié ou à son plus proche parent marié, qui, dès lors, accomplit les rites, au moins jusqu’à ce que le père de famille se soit remarié. Suivant les prescriptions védiques, ces feux ne doivent jamais s’éteindre ; en les maintient à l’état de braise en les chargeant deux fois par jour de morceaux de bouze de vache séchée en guise de combustible. S’il arrivait qu’ils vinssent à s’éteindre il faudrait se procurer le feu au moyen de deux morceaux de buis de ficus religiosa qu’on enflamme par le frottement d’une tige de fer mise en mouvement par un archet. C’est à ces feux qu’on prend le tison qui sert à enflammer le bûcher funéraire.

    Tous ces caractères du Shrauta se retrouvent dans l’holocauste Smarta, qui se célèbre suivant les règles de la Smriti et qui consiste à allumer un seul feu. Cet holocauste est encore pratiqué par un petit nombre de riches brahmanes de Bombay et par beaucoup de deux fois nés dans les villes et les