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Page:Annales du Musée Guimet, tome 7.djvu/321

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LES COQUILLES SACRÉES

Ganeça, dans une de ses mains, tient une coquille, mais celle-ci nous semble différente de celle de Vishnu ou de Krishna. Elle est également sénestre, mais d’un galbe plus allongé, avec une columelle moins acuminée, une ouverture plus haute ; les tours de la spire sont accompagnés de saillies comme épineuses. C’est très probablement une coquille du genre Voluta. Parmi les Ganeça du Musée Guimet, se trouve une petite statuette en argent massif (fig. 3), dans laquelle la coquille est très nettement représentée avec sa forme sénestre et son ornementation particulière. Dans tous les Ganeça que nous avons examinés, la conque est toujours la même avec ses caractères constants.

Quant à Prithivî, mère de Ganeça, elle aussi tient également parfois la conque. Comme divinité, Prithivî est appelée à jouer des rôles bien différents. Il en existe deux exemplaires avec une coquille dextre dans la collection de M. Guimet, sous la personnification de Durgâ, « celle qu’il est difficile de fléchir », rappelant ainsi l’énergie destructive de Çiva, la divinité des terribles Thugs de l’Inde. Enfin, Moor a également représenté, pl. VI, fig. 3, Devî tenant la conque à la main[1].

Mais que veut dire cette conque dans les mains de Ganeça et dans celle de sa mère, surtout lorsque cette coquille est essentiellement d’origine marine, et que Prithivî personnifie la terre ? Les explications nous font encore défaut. Il y a là, sans doute, comme à propos de Krishna, quelque légende que nous ne connaissons pas et qui, pourtant, justifie cette sorte de contraste. Nous n’osons pas croire que c’est comme dieu de la sagesse, protecteur des sciences en général, que Ganeça est porteur delà conque. Peut-être n’est-ce là qu’une idée purement conventionnelle : peut-être aussi la coquille en question, par cela même qu’elle est des plus rares, devient-elle des plus précieuses, et par conséquent, plus particulièrement digne de figurer au milieu des attributs sacrés ? Bornons-nous à rappeler les faits, laissant à d’autres, plus autorisés que nous en pareille matière, le soin de les interpréter.

Dans le Jaïnisme ou religion Jaïn, nous voyons encore figurer la conque. Cette secte, quoique relativement peu nombreuse, joue dans l’Inde un grand rôle par son importance religieuse, comme par l’influence dont jouissent

  1. Moor, Hindu Pantheon.