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tique. Cet article caractérise les passions qui bouillonnaient dans la cuve révolutionnaire, et nous voulons le consigner dans ce volume, comme un monument authentique dé l’aberration des esprits dans ces jours néfastes.

«Dent pour dent, a ditla commune !— Si l’on allait se souvenir de Galilée et de Jean Huss, si l’on vous mettait dans les lèvres la fiole des Médicis ? si l’on vous plantait dans les épaules le poignard de Lucrèce Borgia ?— Dent pour dent ! vous nous les avez cassées par centaines pendant la Saint-Barthélémy. — QEil pour œil, voilà des siècles, que nous sommes aveugles. — Et ne parlez pas de Dieu ; Ce croquerai taine ne nous ; effraye plus. Il y a trop longtemps qu’il n’est qu’un prétexte à pillage et à assassinat ! C’est au nom de Dieu que Guillaume a bu à plein casque le plus pur de notre sang ; ce sont les soldats du pape qui bombardent les Ternes.—Nous biffons Dieu.

— Les chiens ne vont plus se contenter de regarder les évêques ; ils les mordent. Nos balles ne s’aplatiront pas sur les scapulaires ; pas une voix ne s’élèvera pour nous maudire le jour où l’on fusillera l’archevêque Darboy. Il faut que

1 M. Thiers le sache ; il faut que M. Favre ne l’ignore pas. Nous avons prisDarboy comme otage, et si l’on ne nous rend poinlBlanqui, ilmourra. La commune l’a promis. Si elle hésitait le peuple tiendrait le serment pour elle. Et ne l’accusez pas ! à Que la justice des tribunaux « commence, disait Danton au lendemain des. « massacres de septembre et celle du peuplé « cessera».... Ah. ! j’ai bien peur pour Monseigneur l’archevêque de Paris ! »

25 avril. — Décret réorganisant le service de la vérification des poids et mesures, « dont la sincérité avait été compromise par l’ancien système, » mettant au concours tous les emplois de ce service, et en fixant les émoluments.

— La commune met tous les appartements vacants à la disposition des habitants des quartiers bombardés. La prise de possession sera précédée d’un étal des lieux, dont copié sera remise aux représentants des possesseurs : en fuite. Lesscellés seront apposés sur les meubles contenant des objets portatifs.,

26 avril. —« Lesmagislrats du tribunal civil de la Seine ayant lâchement abandonné leur siège, la commission exécutive arrête que le citoyen Voncken (Adolphe), avocat à la cour d’appel de Paris et ancien magistrat de la république est nommé président, chargé des référés, des conciliations en matière de séparation de corps et des légalisations de signatures.» ! Un arrêté du 7 mai étendit les attributions du citoyen Voncken en l’autorisant à donner mainlevée de toutes oppositions faites sans titre ni permission de juge, ou contraires aux décrets et arrêtés de la commune, notamment en ;

matière de loyers et d’effets de commerce.-Ajoutons dès à présent que la commune nomma le 4 mai des juges d’instruction pour ses tribunaux criminels (cour martiale et jury d’accusation), et qu’elle institua six accusateurs publies : Raoul Rigault, procureur de la commune, Huguenot, SachsjFerré, Dacosta. Breuille. Elle institua, le 12 mai, une chambre civile chargée d’expédier les affaires urgentes. Cette chambre était composée de M. Voncken, président, de quatre juges et d’un juge suppléant. La commune créa en outre, des juges de paix, des greffiers, des huissiers, des notaires. (7.21 avril).,

27 avril. — Dans la séance de la commune ; jCourbet prie le délégué des affaires extérieures de demander à l’Europe de reconnaître les droits de belligérant à Paris. Léo Meillet répond qu’il a reçu les envoyés de l’Amérique du Sud. Il ajoute qu’il sait de bonne source que des démarches ont été faites à Versailles pour reconnaître Paris comme belligérant !

Même date.—« La commune de Paris, considérant que l’église Bréa, située à Paris, 76, avenue d’Italie (XIIIe arrondissement), est une insulte permanente aux vaincus de juin etaux hommes qui sont tombés pour la cause du peuple, décrète : Art. 1er. L’église Bréa sera démolie. —

;Art. 2. L’emplacement de l’église s’appellera

| placé de Juin. — Art. 3. Là municipalité du

! XIIIe arrondissement est chargée de l’exécution

du présent décret. La commune déclare, en outre, qu’elle amnistie le citoyen Nourri, détenu depuis 22 ans à Cayenne, à la suite de l’exécution du traître Bréa. La commune le fera mettre en liberté le plus tôt possible. » (F.’6 mai).

Un bon citoyen invite la commune à faire dédorer, pour se procurer des ressources, le dôme des Invalides. « Laisserons-nous, — disait-il, — sous ces lambris dorés, les restes du monstre qui a conduit la France à sa perte ?

On signale à partir du 27 avril, une recrudescence de rigueurs : arrestations, perquisitions, chasse aux réfractaires. La commune sent son impuissance et le Père Duchêne la pousse aux mesures violentes. • ■■ ’

28, avril. — Jusqu’au 20 avril, le gouvernement révolutionnaire avait été dirigé, sous le contrôle de l’assemblée communale, par une commission exécutive, compsoée de cinq membres. Comment fonctionnait cette commission ?■« En moins de quinze jours des conflits de toute nature s’étaient élevés ; la commission exécutive édiclait des mesures qui n’étaient pas exécutées ; chaque commission particulière, se croyant souveraine de son côté, donnait des ordres, de telle façon que la commission exécutive ne pouvait avoirde responsabilité réelle. Elle faisait des efforts surhumains pour s’occuper de tout, et, en