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Page:Annuaire encyclopédique, IX.djvu/1163

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allait proposer aux Prussiens de leur payer les 800 premiers millions de l’indemnité, à condition qu’ils permettraient le ravitaillement de Paris, et qu’ils garderaient-Une neutralité complète. Cluseret espérait qu’ils voudraient bien, en outre, vendre à la commune de Paris des fusils chassepots, dont ils avaient une quantité énorme, pour remplacer les vieux fusils à tabatière de la garde nationale.

Où aurait-on pris les 800 millions si la proposition de Cluseret avait été acceptée par les Prussiens ? À la banque, évidemment, car elle seule pouvait les fournir., Il est même étonnant, il est extraordinaire presque jusqu’au miracle, que M. Beslay soit parvenu à la sauver. Il y avait, outre les convoitises que, naturellement, elle devait inspirer, deux raisons capitales pour autoriser les révolutionnaires du 18 mars à s’en emparer. Avec les. ressources qu’elle avait à Paris et hors de Paris, la banque pourvoyait à tous : les besoins du gouvernement de Versailles, qui, sans elle, se serait trouvé dans la. situation la plus critique et la plus périlleuse ; la commune pouvait donc se Croire autorisée à mettre elle-même la main sur ses trésors pour les nécessités d’une guerre destinée, suivant elle, à sauver Paris, la, France et îe monde...

Larévolution avait été accomplie, d’ailleurs, au nom des idées socialistes, pour assurer la victoire du travail sur le capital ; or, comme Cluseret le déclare dans le récit de ; son entrevue avec le comte de Hastfeld ; on ne comprend pas comment les membres de l’Internationale, dont l’influence fut toujours grande et quelquefois prédominante, : n’ont pas compris et fait comprendre la nécessité de mettre la main sur la forteresse de leurs éternels ennemis, les capitalistes. «Ladestruction de la banque deFrance, dit Cluseret, aurait anéanti d’un seul coup le crédit de la bourgeoisie j elle l’aurait étouffé dans son germe- ;, là -était-la logique, là étaitle salut. Ils ne le comprirent pas. Ecrasée par les jacobins, précipitée par eux dans les événements de 93, ’ la révolution de 1871 n’aboutit qu’au massacre dés otages. Elle n’était pas consé- < quente... elle ne pouvait réussir... Quels étranges politiques que ces Jourde et ces Bes- ; lay 1 Beslay se - frottait les mains croyant avoir découvert 4 milliards à la banque ; En la protégeant ; , il croyait protéger le crédit delà com- i mune., Jourde : était fier d’en obtenir 500,000 fr.. i Pas un ne se préoccupa du milliard qui fonc- i tionnait pour les Versaillais et labourgeoi- 1 sie. », •]

Mais il est fort probable que Cluseret lui- 1 même n’a, vu ces, choses qu’après coup, Quos vuli perdere, Jupiter dementat. (

; & mai. — Sur la proposition du citoyen Pro- c

tôt, délégué à-la justice, la commune décrète c

que le serment politique et le serment professionnel sont abolis.

5 mai (15 floréal). — Il en était de la création du comité de salut public comme de la réorganisation de la commission exécutive. Les affaires continuaient à aller de mal en pis ; le comité de salut public ne dirigeait rien, et ne se révélait que par des décrets d’arbitraire et de violence. Le. désordre allait croissant, et le comité central de la garde nationale, qui avait fait la révolution du 18 mars, se croyant appelé à la sauver, commença à reprendre une position prédominante. Rossel ne l’aimait pas ; mais, au milieu de la confusion universelle, il reconnaissait l’utilité de son concours pour rétablir l’ordre dans les services militaires. La prudence conseillait d’ailleurs un compromis pour éviter les dangers d’une scission, sous le canon de l’armée de Versailles, et le 15 floréal 79 (5 mai) le comité de salut public rendait un arrêté ainsi conçu : « La délégation de la guerre comprend deux divisions : direction militaire, administration. Le colonel Rossel est chargé de l’initiative et de la direction des opérations militaires ; le comité central de la garde nationale est chargé des différents services de l’administration de la guerre, sous le contrôle direct de la commission militaire. » La commune ratifia le 8 mai cette décision.

Raoul Rigault dénonce à la commune un des membres de cette assemblée, le sieur Blanchet, comme ayanteu maille à partir avec la justice pour fait de banqueroute. Il prouve en outre qu’il a fait partie de la police, à Lyon, qu’il a été capucin et que son vrai nom était Stanislas Pourille. Blanchet avoue tout ; il est envoyé à Mazas. ^ Grand concert aux Tuileries en faveur des. ambulances, i

6 mai (16 floréal), — «Le comité de salut public, considérant que l’immeuble connu sous le nom de chapelle expiatoire de Louis XVI est une insulte permanente à la première révolution, et une protestation perpétuelle de la réaction contre la justice du peuple, arrête : Art. 1er., La chapelle dite expiatoire de Louis. XVI sera détruite.-Art. 2. Les matériaux en. seront vendus aux enchères publiques auprofitdel’administration des domaines.—Art. 3. Le directeur des domaines fera procéder dans les huit jours à Inexécution du présent arrêté. » On ne commença que le 20 mai l’oeuvre de destruction, par l’enlèvement des chaînes tendues.autour de ce monument, et le descellement des pierres qui en. formaient le pourtour à l’extérieur. On s’y était pris trop tard : l’armée entrait le lendemain dans Paris.

7 mai. — La commission exécutive établit dans l’église Saint-Eustache un club central auquel tous les clubs de Paris étaient invités à envoyer leurs délégués, pour répandre partout