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MONNA

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dans une proportion très-restreinte, et par.conséquent relativement déprécié, il restera dans la circulation. Sans doute il pourra se déclarer ; comme par le passé, des crises monétaires,

; si le taux du ’change ;- ;, longtemps défavorable,

rend inévitables de fortes exportations de nu- ? méraire. Mais, dans ce cas, l’or ne tardera pas,

par le fait de la baisse des prix, à revenir dans

le pays qu’il aura quitté ; cette baissé devant nécessairement donner, un grand élan au commerce d’exportation. C’est ainsi que les bilans des banques indiquent toujours, après la liquidation, deSïcrises commerciales^ un mouvement ascendant três-caractérisé de l’encaisse métal—’ lique.

La coexistence des deux métaux, et les troublés fréquents corrélatifs dans le rapport de leur valeur, ont pour conséquence d’amener . des perturbations graves dans les intérêts privés, les, débiteurs ayant le droit de payer leurs, créances avec la monnaie qui a la moindre Valeur, .

■ En fait, -l’Europe est menacée, depuis la découverte des riches mines d’argent en Californie, d’une marée montante de cp métal, qui sera peut-être égale à celle de l’or à partir de 1851. Or le seul moyen de résister à cet envahissement, qui entraînera l’exportation de. l’or, consiste à démonétiser le plus promptement possible notre monnaie d’argent, pour la réduire- à l’état d’appoint.

Ce n’est pas tout : par suite de l’ouverture de notre marché aux deux métaux ayant également le cours légal, nous sommes exposés à recevoir des quantités énormes d’or et d’argent, et à subir ainsi une double cause de hausse de tous les prix. Certainement il existe des chances de renchérissement avec un étalon unique, mais elles sont moindres qu’avec les deux métaux, caria : circulation.rie court pas le même risque d’être en quelque sorte saturée.

Si le principe de l’étalon unique doit triompher, l’or s’impose comme tel par trois qualités essentielles qui manquent relativement à l’argent : la notabilité, la stabilité, la sûreté. La notabilité résulte de ce que l’or est à la fois plus lourd et plus précieux ; que l’argent, de sorte qu’un disque d’Or du module de la pièce dé 5 fr. d’argent vaudrait trente fois cette dernière. Il est ainsi plus commode pour les opérations du commerce intérieur, et extérieur.

La stabilité résulte de ce fait que le monde civilisé à aujourd’hui (d’après -M. Feer Herzog) environ 20 milliards d’or et seulement 15 milliards d’argent. L’étalon d’or : s’appuie donc sur Uiiê réserve plus grande que l’étalon d’argent, et il offre ainsi plus de stabilité.

H présente aussi plus de sûreté ; car, avec

, .’ l’or, le faux monnayage est très-difficilei A

part le platine ; qui est rare et p’eu fusible ; il

n’y a pas demétal usuel dontle poids approche dé celui de l’or. Il a de plus des qualités chimiques qui le rendent inattaquable par la plupart des réactifs ; aussi toute altération des pièces d’or est elle très-facile à reconnaître.

En fait, par la forte prédominance du monnayage d’or en Europe et aux États-Unis, il est évident que le monde civilisé donne là préfé* rence à ce métal comme étalon monétaire.

Les partisans du double étalon ont répondir que. la coexistence des deux métaux n’a pas lel inconvénients qu’on lui’ reproche. Si leur va ? leur relative est soumise à des oscillations, eller ne peuvent avoir d’autre résultat, en donnan ! une plus-value à l’un-d’eux, que de déterminer son exportation et d’amener une forte impor.tation de celui qui est appelé à le remplacer. Dans l’un et l’autre cas, les besoins de la circulation sont satisfaits. En réalité, la France, par le fait de la coexistence des deux étalons* a beaucoup moins souffert que les pays à étalon unique, des crises financières qui ont affligé l’Europe depuis le second quart de ce siècle. L’Angleterre, au contraire, .qui, depuis 1816, n’a que de la monnaie d’or, a été particulièrement atteinte, bien que le change lui Soit généralement favorable, et que, par suite, elle ait peu de numéraire à exporter. Jamais, par expmple, la banque de France n’a vu sa réserve métallique diminuer aussi rapidement et dans d’aussi fortes proportions que la banque d’Angleterre, et des deux, grands établissements de crédit, c’est le premier qui, grâce à la possibilité que lui donne la loi d’accueillir sur un pied d’égalité complet les deux métaux, a toujours reconstitué le plus facilement son approvisionnement métallique.

L’or a certainement, comme monnaie, un avantage marqué sur l’argent, en ce sens que sa valeur est beaucoup plus grande sous un moindre poids ; qu’il est, par conséquent, plus facile et moins coûteux à transporter ; mais il s’use beaucoup plus rapidement. D’un autre côté, dans les pays où là circulation fiduciaire jouit d’une grandéfaveur, l’argent peut, sans inconvénient, être déposé dans les banques et remplacé, comme en Hollande (où il est l’étalon unique), par dé petites coupures en.papier.

On comprend qu’en Angleterre, où le plus grand nombre des opérations commerciales se liquident par des virements, où la monnaie métallique, et même fiduciaire, ne joue, par conséquent, qu’un rôle peu important, on comprend l’existence d’une seule monnaie, et de la monnaie qui représente, à poids égal, la plus forte valeur.

Mais, en France et dans les autres pays d’Europe moins riches, moins familiers avec les opérations du crédit, et où les transactions