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{ 1571) SEPTE - (1572)

ne pouvait nous..opposer aucune fin de non recevoir. » Le 13 janvier, il adressait à M. de Bismarck une lettre très-courte pour le prier

de lui envoyer le sauf-conduit le plus tôtpos-
; sible ; le 16 le chancelier lui répondait qu’il

S ne pouvait lui délivrer de sauf-conduit, 1° parce

;| qu’il lui était impossible de reconnaître auS gouvernement dont il faisait partie le droit
? de négocier au nom du peuple français qui

/ ne l’avait pas reconnu ; 2° à cause dés déclarations faites par M. Jules Favre dans sa dépêche du 12, et que nous venons de mettre sous les yeux de nos lecteurs. M. de Bismarck invitait donc M. Jules Favre à demander le sauf-conduit aux autorités militaires prussiennes, qui n’ayant pas à se préoccuper des questions diplomatiques, pourraient le lui accorder. Il lui exprimait, en terminant, son étonnement •de voir qu’il cherchait à quitter Paris « dans la position critique des affaires qu’il avait si matériellement contribué à établir, en se privant ainsi de la possibilité de coopérer à une solution dont la responsabilité lui incombait. »

Cetteléltre était fort dure et peu diplomatique. Elle produisit dans toute l’Europe un effet moral peu avantageux à M. de Bismark, abusant de sa force pour empêcher M. Jules Favré d’assister à la conférence où il était invité officiellement par les cabinets. Le dernier paragraphe de la lettre du chancelier était sans contredit, le plus blessant. Nous devons reconnaître néanmoins qu’il répondait malheureusement à la triste réalité. On connaissait mieux la situation de Paris à Versailles qu’à Paris même. En effet lé 16, date de la lettre de M. de Bismark, Paris était à bout non pas de courage, car il était indomptable, mais de ressources alimentaires. Cette population de deux millions.d’âmes^ avait ; épuisé, ou peu s’en fallait, pendant quatre longs mois de blocus, les chevaux, les ânes et les mulets après les bœufs et les moutons ; elle avait mangé les chiens et les chats ; les pourvoyeurs de cette grande ville, qui parcouraient autrefois le monde pour couvrir ses tables des mets les plus exquis, couraient maintenant les égouts pour attraper les rats ; les viandes conservées manquaient ou se vendaient à des prix exorbitants ; le pain, noir, ; avait succédé au pain blanc ; il devenait chaque jour plus repoussant et moins réparateur, ; et on voyait déjà la fin des blés d’espèces et de qualités inférieures, des pois, des vesces, des graines [ de lin, de l’avoine, du seigle, des fèves et de la paille, qui en fournissaient la pauvre et maigre substance.

Lapopulation de Paris croyaitqu’onneluidistribuait ce pain repoussant que par mesure de prudence, "pour prolonger plus longtemps la résistance en prolongeant les ressources alimentaires. Elleélait disposée à supporter touteslesprir

valions pour accomplir jusqu’au bout son devoir, et se flattait encore de la possibilité de prendre sur les Prussiens une éclatante revanche. Le général Trochu, qui l’avait bercée si longtemps de brillantes mais vaines paroles, était devenu souverainement impopulaire. Les gens exaltés l’accusaient ouvertement de trahison, ainsi que le chef d’ôtat-major général, le général Schmitz, et cette opinion avait fait de grands progrès dans les masses ; les autres ne voyaient en lui qu’un homme à cent coudées au-dessous de la mission dont il s’était chargé, et demandaient à grands cris sa démission. On lui reprochait avec amertume de n’avoir su tirer aucun parti des forces immenses qu’il avait à sa ; disposition, et d’avoir résisté aux demandes des orties, sans cesse renouvelées, que la garde nationale lui adressait. Trochu. se décida enfin à.mettré la garde nationale à l’épreuve. Il combina une grande sortie qui, par Saint-Cloud, Buzenval et le plateau de la Bergerie avait pour objectif la ville de Versailles. Cette nouvelle action eut lieu le.19 janvier. La garde, nationale déploya uii courage héroïque ; mais les dispositions avaient été si mal prises, les ordres donnés aux généraux furent si mal exécutés, Trochu . lui-même avait montré si peu de sang-froid et de présence dfesprit dans la lutte, que cette tentative échoua commmeles précédentes. La garde nationale cria plus que jamais.à la trabison, etplus que jamais demanda la démission du gouverneur de Paris et son remplacement par un chef plus énergique. Le, bombardement de la rive gauche continuait avec un redoublement de-violence ; les Prussiens avaient inauguré le 21 janvier le bombardement de Saint-Denis, et le dimanche, 22 janvier, le gouvernement. annonçait aux Parisiens que le commandement en chef de l’armée, venait d’être séparé de la présidence du gouvernement. Le titre et les fonctions de gouverneur de Paris étaient supprimés ; Trochu conservait la présidence du gouvernement, mais le commandement en chef de l’armée avait été confié au général Vinoy., ,,

Cette immolation du général Trochu n’avait pas calmé l’irritation populaire, et le même jour le parti socialiste.de la commune essayait dé renouveler la tentative du 31 octobre. JT avait cherché, la veille, à préparer la population au moyen des journaux qui lui servaient d’organes et d’agents partout répandus ; Gustave Flourens et d’autres détenus politiques avaient été tirés de leur prison pendant la nuit, et vers midi des groupes commencèrent à se former sur la place de l’Hôtel-de-Ville, où un bataillon de la garde nationale arriva à.Une. heure et demie en criant : Vive la commune ! Une seconde colonne, appartenant au !0ïe bataillon de marche, vint bientôt le renforcer ;