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(1671)

SIEGE

(1672)

n’étaient pas appropriées, malgré quelques améliorations récentes, aux conditions nouvelles de l’artillerie, dont les perfectionnements ont été grands, nombreux, incessants, depuis quelques années. Il prétend ensuite que les assiégés ont été partout surpris par la rapidité des opérations de l’ennemi, par l’habileté de ses manœuvres, parle soin avec lequel il savait dissimuler l’arrivée de ses batteries et de ; ses parcs d’artillerie, tacliquéqui, suivant lui, n’aurait été que trop bien servie par l’incroyable incurie de certains commandants de place, qui ne cherchaient presque jamais à se rendre compte, par des reconnaissances sérieuses, des mouvements et des travaux des Allemands. Il choisit, pour démontrer sa thèse, l’exemple de Thionville, de Mézières et de Montmédy. :

a La plupart du temps, dit-il, nos batteries étaient placées tout près des derniers postes avancés, et ce n’est que pendant la dernière nuit précédant le commencement du feu, qu’on occupait les localités situées en avant et que nos avant-postes faisaient tout leur possible [pour savoir ce qui se passait chez l’ennemi par de fréquentes reconnaissances et des patrouilles traînantes. La connaissance exacte du terrain donnait à celui-ci la facilité de déloger nos grand’gardes, d’inquiéter nos avants postes et de troubler la construction de nos batteries ; en supposant même qu’à cause d’une prompte et ferme résistance, qui n’eût pas fait défaut de notre côté, il n’eût pu obtenir un pareil succès, ces sorties, tantôt feintes, tantôt poussées avec énergie, lui auraient donné une idée exacte de l’emplacement de nos batteries, à la construction desquelles il eût pu alors susciter de graves obstacles par un feu d’artillerie bien nourri. Mais rien n’a été accompli dans ce sens, sauf une petite sortie sous Monlmédy pendant Ta période de l’investissement, et quelques tentatives faites sous Mézières, au moyen de fortes patrouilles de reconnaissance. Quoiqu’un fort avant-poste français fût établi, sous cette dernière, forteresse, dans des fermes situées à 800 ou 1,000 pas de nos batteries n°s 9, 10,11 et 12, et que cet avant-poste cherchât de temps en temps à empêcher nos travaux, au moyen de coups de feu, il n’avait pas su acquérir une idée bien nette de la situation. Par contre, les défenseurs de cette place forte s’obstinaient à vouloir garder les positions avancées de la-rive gauche de la Meuse, Etian, Bel-Air, etc., ; et ce n’est qu’après maints combats qu’on les en put déloger,

« Voudrait-on supposer que ce manque de défense offensive provenait de l’instruction insuffisante des troupes et du peu de consistance des mobiles etdes francs tireurs qui formaient la plus grande partie de la garnison ? Mais comment expliquer l’inconséquence dont ces troupes firent preuve dans la façon donl elles dirigeaient le feu de leur artillerie contre certaines de nos batteries en construction, démasquées par hasard ? À Thionville, oh avait découvert, delà tête du pont, nos constructions de Haute-Y. ul’z, sjtuées à 1,800 pas de la place, et l’on avait fait éprouver à la compagnie d’artillerie de siège est-prussienne, qui travaillait à ces batteries, des pertes assez sensibles par le feu du canon. Pourquoi les assiégés ne concentrèrent-ils pas en cet endroit le feu le plus violent, dans le bût d’empêcher complètement la poursuite des travaux ? Sur la rive gauche de la Moselle, à Weymerange, nos batteries numéros 11 et 12, malgré leur grand éloignement des remparts ; 4,000 pas environ, semblent n’avoir pas échappé à l’attention des ennemis ; en effet, ils envoyèrent là un coup de canon qui nous tua 2 hommes et 5chevaux, nous blessa grièvement 2 hommes et 4 légèrement. Quel mal n’eussent pas causé quelques douzaines de coups tirés dans la même direction ! Ce n’étaient pas les munitions qui faisaient défaut, et dans les places fortes-françaises, il était très-ordinaire qu’on tirât le canon sur des hommes isolés, des officiers en reconnaissance, des sentinelles avancées, etc. Devant Montmédy aussi, quelques coups furent tirés sûr nos travailleurs, ’ mais, à ce qu’il paraît, sans esprit de suite, et tout à fait au hasard. Cependant quand on s’apercevait de quelque mouvement, suspect, pourquoi ne continuait-on pas de tirer dans la direction ! de ce mouvement, n’eût-ce été qu’avec lenteur ? pourquoi n’allait-on pas, la nuit suivante, : en reconnaissance au moyen d’une patrouille traînante fortement appuyée par derrière, et n’ouvrait-on pas, au cas où Toti eût découvert quelques-uns dé nos ouvrages, un formidable feu dans la direction voulue ? Une sorte de résignation fataliste semble avoir refoulé au dernier plan toute tentative, énergique, de ce genre. »

Le ; mémoire prussien reconnaît, il est vrai, que les, défenseurs dé Mézières suivirent.un autre procédé. Là, dit-il, pendant les préparatifs d’attaque, le cahon de la forteresse donna dans toutes les directions. Les pièces rayées de la place firent rage contré tout travail, tout transport et tout mouvement. Mais l’auteur prétend que c’était, plutôt tâtonnement, dé la part de l’assiégé, que recherches savantes, et il prétend le prouver en disant que le 24 décembre 1870, les défenseurs ayant découvert différentes constructions de batteries, ils tirèrent dessus avec assez de.suite, tuèrent et blessèrent un officier et plusieurs hommes ; puis, qu’au moment où Ton se voyait forcé de suspendre les travaux... l’artillerie ennemie suspendit son feu !

Nous ne saurions dire ce qu’il y a de vrai ou d’erroné dans ces appréciations dont l’auteur