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bruits inquiétèrent vivement l’opinion publique européenne, et il est hors de doute que cette annexion eût remis en question ; la paix générale. Mais le gouvernement prussien ne jugeait pas encore que le moment fût venu de passer le Mein, et le gouvernement badois, ainsi que les libéraux-nationaux des deux chambres durent ajourner la réalisation de leurs aspirations.

C’est ce que l’Europe apprit avec satisfaction par le discours prononcé par le grând-duc le 24 septembre, à l’ouverture des chambres. Aucune démarche relative à l’annexion n ?y était annoncée, et le grand-duc se montrait très-réservé sur la question nationale. « Dans la transformation nationale de l’Allemagne, disait-il, condition essentielle du bien-être et de la prospérité des états allemands particuliers, il ne s’est produit depuis votre dernière session aucun pas décisif. Mais jemeréjouis des relations :étroites qui existent entre mon pays et la confédération de l’Allemagne du Nord, et je constate avec plaisir que le progrès dé la conscience nationale est le point de départ d’un sentiment de solidarité commune de plus en plus énergique entre tous les états allemands. » Il rappelait ensuite les conventions conclues récemment relativement aux forteresses (Voyez BAVIÈRE) el la session du parlement douanier, et il ajoutait en parlant de la coopération qui en était résultée entre le Sud et le Nord : « Nous avons lieu de bien augurer du développement de cette coopération si féconde en bienfaits. » Le reste du discours était consacré à l’indication des projets de loi très-nombreux qui devaient être présentés aux chambres. Parmi ces projets, dont la plupart furent déposés par les ministres les jours suivants, figurent des modifications à la constitution et la loi électorale, qui, tout en maintenant le suffrage à deux 1 degrés, confèrent le droit de participer aux élections primaires, d’être nommé électeur ou député à tout citoyen âgé de 25 ans, et fixent le nombre des électeurs de second degré à 1 par 250 habitants ; un projet établissant le système métrique des poids et -mesures ; une loi sur les actes de l’état civil, divers traités, etc.

De même que la couronne, les chambres s’abstinrent de formuler des résolutions relatives à l’annexion du grand-duché à la confédération. Dans l’une des premières séances, M. Lindau se fit l’organe du parti catholique, en demandant la dissolution de la chambre et l’établissement du suffrage universel et direct. Celteproposition donna lieu àdes débats animés. Elle fut vivement combattue par le ministre. Jolly, qui soutint qu’il fallait que la chambre se prononçât d’abord sur les modifications à la loi électorale qui venaient d’être présentées. Elle fut défendue par des orateurs du parti catholi-"

que, dont le président dut à plusieurs reprises modérer des sorties violentes. La chambre adopta finalement une contre-proposition de M. Lamey, tendante à prendre en considération la partie de la proposition Lindau qui demandait le suffrage universel et direct.

Les deux chambres votèrent des adresses en réponse au discours de la couronne. Les deux adresses sans demander l’entrée immédiate dans la confédération du Nord, exprimaient de vives sympathies pour cette confédération. « Nous nous joignons de toute âme, disait l’adresse de la première chambre, rédigée par M. Bluntschli, à la pensée patriotique qu’à cette occasion aussi Y. A. R. À proclamée de nouveau comme le principe dirigeant de votre politique. Nous aussi nous considérons la transformation de l’Allemagne, et en premier lieu l’union nationale des états dé l’Allemagne du Sud avec la confédération du Nord, comme une condition fondamentale de la sûreté de Ces états, delà prospérité de toute la nation allemande et du développement pacifique de l’Europe. Bien qu’aucun progrès décisif ne se soit opéré dans cette direction depuis deux ans, le besoin de celte union s’est accru néanmoins, et on a compris de plus en plus dans des cercles politiques qui réfléchissent, qu’elle est nécessaire. » Cette adresse fut adoptée dans la séance du 2 octobre, à la majorité de 13 voix contre 6. Dans la discussion qui précéda ce vote, ce fut principalement le comte de Berlichingen qui combatit la politique du gouvernement, et demanda la formation d’une confédération du Sud. Dans la-réponse qu’il lui fit, le ministre des affaires étrangères, M. de Fréydôrff, donna l’assurance qu’il n’y avait eu aucune négociation récente sur l’entrée ; du grande-duché dans la confédération du Nord, en reconnaissant que jusque là le gouvernement n’avait pas jugé que cette démarche fût opportune.

L’adresse de la chambre des députés n’était pas moins explicite. Faisant allusion à l’espoir d’un développement prospère et libéral, exprimé par le discours du trône, elle disait :

« Cet espoir a pour objet surtout la réussite de l’Unification nationale de l’Allemagne. S’il n’a pas été possible jusqu’ici de la faire avancer d’une manière décisive, la conviction de sa nécessité augmente néanmoins dans le cœur de la nation, en même temps que l’évidence des défauts pleins de dangers de la vie isolée des petits états dissipe de plus en plus les obscurités. qui voilaient, çâet là, le but dernier et le plus élevé des tendances nationales et y portent encore ombrage. La deuxième chambre de vos fidèles états reste fermement convaincue que la rénovation de l’Allemagne ne peut avoir lieu que par la réunion des états du Sud avec la grande confédération du Nord. Avec une pleine